Brick a book 344 ✍🏻

Pour l’atelier 344 de Brick a book, c’est  la  photo ci-dessous qui servira de déclencheur avec comme thématiques interdites : la ville et l’écologie. 

Keisuke Higashio

 

J’avais toujours été à contre-courant. Mes proches le savaient, j’avais des idées fixes et même carrément des TOC’s insurmontables. Ainsi, si je voyais un passage pour piétons je l’évitais et traversais plus loin, me faufilant entre les voitures en redoutant je ne sais quel maléfice provoqué par les stries. Et voilà que je ne sais qui avait eu l’idée de peindre des passages lignés sur le toit de l’immeuble où je travaille et où je prends mes pauses quand la météo est agréable!

Sans y prendre garde, le nez en l’air suivant le vol d’une abeille, je m’étais retrouvé au milieu de ces lignes peintes au sol. Par une superstition ridicule, je me refusais à marcher dessus. J’avais terminé mon pique-nique de midi  et je me dis que je pourrais lancer le sac contenant les restes au-delà des lignes blanches. Je pourrais ainsi prendre mon élan plus facilement en ayant les mains libres. Ça, c’était avant que je prenne conscience que je n’arriverais jamais à sauter une aussi grande longueur…

Je courais d’un côté à l’autre du triangle dans lequel j’étais convaincu que j’allais mourir, même si on était bien loin du triangle des Bermudes. L’angoisse me serrait la gorge. Je pensais aussi à la quadrature du cercle, mes maigres notions de géométrie dansant la samba dans ma tête. Malgré tout, je me sentais prisonnier de ces marquages et ne voyait aucune issue possible en raison de l’obsession qui paralysait mes membres.

J’en étais là de mes réflexions et mon pouls s’emballait de plus en plus quand j’aperçus soudain la silhouette menaçante d’un soldat tenant son fusil sur une des lignes blanches! Se pouvait-il qu’il ait été compressé au sol par la machine à peindre? Avait-il lui aussi voulu traverser le passage interdit? Était-il là pour me surveiller? J’avais beau le questionner, il restait muet le lâche!

Je commençais à transpirer de plus en plus et à m’agiter de manière convulsive en battant l’air de mes bras. Je sentis soudain qu’on me secouait en criant. Le soldat avait-il ressuscité pour m’emmener?

Je levai enfin les paupières et vis ma femme, assise dans le lit, une lueur mi inquiète-mi amusée au fond des yeux. Quelle idée aussi d’acheter des draps lignés noirs et blancs pour notre lit!

Pour lire ce que cette photo a inspiré comme autres histoires, il suffit de vous rendre sur le blog Brick a book.

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