Brick a book 356 ✍🏻

Le lundi c’est mon petit plaisir “prise de tĂŞte” puisque je m’efforce de pondre un texte au dĂ©part de la photo proposĂ©e sur le blog Brick a book, souvent le samedi, ce qui nous laisse très peu de temps pour y rĂ©flĂ©chir…

Pour ce lundi, c’est la photo ci-dessous qui est proposĂ©e.

© Austrian National Library
     

Les cameramen de TV8 avaient insistĂ© pour venir me filmer dans ma salle de cours. J’Ă©tais depuis plus de vingt ans professeure de solfège Ă  l’AcadĂ©mie de la ville. J’avais aidĂ© des centaines de jeunes Ă  dĂ©coder des partitions de plus en plus compliquĂ©es. Beaucoup avaient abandonnĂ©, pensant que la musique n’Ă©tait qu’amusement sans effort. Les plus motivĂ©s avaient persĂ©vĂ©rĂ© pour leur bonheur et le mien.

L’un d’entre eux avait acquis une belle renommĂ©e comme premier violon dans un orchestre symphonique et, comme il avait Ă©tĂ© mon Ă©lève, j’avais paraĂ®t-il ma place dans le reportage qui lui serait consacrĂ© par la toute jeune chaĂ®ne de tĂ©lĂ©vision.

J’Ă©tais mal Ă  l’aise devant les camĂ©ras. A mon âge et vu mon cĂ©libat endurci, je n’avais pas l’habitude d’ĂŞtre ainsi observĂ©e sous tous les angles. Encore heureux que le film ne soit pas en couleurs parce que je ne m’habillais que de couleurs sombres qui n’auraient probablement pas convenu au projet. J’apparaissais comme une personne insignifiante et terne, un peu dĂ©modĂ©e, comme je le souhaitais, ne cherchant Ă  attirer l’attention sur moi Ă  aucun prix.

Les hommes qui me filmaient m’avaient demandĂ© de parler de manière naturelle de mon ancien Ă©lève, selon mon bon vouloir…c’Ă©tait bien ça le problème. Autant j’avais l’habitude de mener ma classe de main de maĂ®tre, autant parler seule, pour ĂŞtre “mise en boĂ®te” comme ils disaient, me paralysait.

J’avais empoignĂ© un livre de partitions pour me donner une contenance et je me cachais derrière mes lunettes de myope tandis que mes jambes flageolantes me faisaient tomber dans les bras de ce fauteuil bienvenu.

Après plusieurs prises non concluantes, les cameramen perdirent patience et me dirent qu’ils allaient voir avec le rĂ©gisseur s’ils devaient persĂ©vĂ©rer ou me laisser dans l’ombre oĂą je me plaisais tellement qu’il semblait vain d’espĂ©rer m’en faire sortir!

Pour voir les autres histoires inspirées par cette photo, je vous invite à aller chez Brick a book, vous ne serez pas déçu(e) 👍

Cet article a 10 commentaires

  1. Une histoire bien campĂ©e autour de la photo, j’ai aimĂ© la fragilitĂ© de cette femme.

    1. Photonanie

      Merci beaucoup Marina :-)

  2. almanito

    Il faut parfois s’oublier un peu pour parler simplement des autres…

  3. Pierre

    Bonjour Bernadette !
    ĂŠtre mise en boite, passe encore pour une sardine, mais pour un professeur de musique, c’est plus dĂ©licat !
    De même pour un très bon élève de finir au violon !
    Bon mardi !
    Pierre

  4. Kroum

    Une femme trop effacĂ©e (d’oĂą son cĂ©libat endurci) mais une très belle plume pour cette histoire ! Bravo Photonanie !

    1. Photonanie

      Merci Kroum, ça existe ce type de femme…mais ce n’est pas du tout moi ;-)

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