Le lundi c’est le jour de l’écriture mais Alexandra du blog Brick a book n’a pas proposé de photo comme déclencheur aujourd’hui. Or vous le savez, ou pas, je participe également à un atelier d’écriture en présentiel dans ma commune. Cet atelier s’appelle « Jetez l’encre« . Par la force des choses, celui-ci est également devenu atelier en ligne depuis le confinement. Vous suivez?
Donc, pour garder mes (bonnes?) habitudes, je vous propose un texte écrit dans ce cadre.
La proposition d’écriture qui nous a été faite est la suivante:
Les aiguilles de toutes les horloges de la ville sont arrêtées. Type: récit fantastique ou non.
Pour ne pas écrire de billet sans photo, j’ai choisi le Gros Horloge de Rouen comme illustration.
Ô temps! Suspends ton vol
On lui avait annoncé son cancer ce matin-même. Stade avancé, aucun espoir permis sauf celui d’employer au mieux les six mois qui lui restaient à vivre.
Loin de déprimer, il ressentait comme une urgence de vivre, de faire tout ce dont il avait rêvé et toujours reporté à plus tard. En homme organisé il avait commencé à lister ses envies, même les plus folles. Il n’avait plus rien à perdre, que du temps, et ça il ne le voulait pour rien au monde bien sûr.
Une phrase d’Alphonse Allais lui trottait sans arrêt en tête, comme un mantra : « Le tic-tac des horloges on dirait des souris qui grignotent le temps ».
La solution paraissait évidente mais comment la réaliser, comment arrêter ce tic-tac angoissant qui décomptait le temps jusqu’à la mort, SA mort ?
Il avait beau réfléchir, tourner et retourner le problème dans sa tête, il avait beau être un grand scientifique, un chercheur éminent, il fallait bien reconnaître qu’il n’avait jamais rien trouvé de révolutionnaire. Là, il y avait urgence, c’est de sa vie qu’il s’agissait. Lui, si cartésien, priait, mettait des cierges dans les églises, faisait des offrandes à toutes les divinités, il avait même fait le déplacement jusqu’à Lourdes ! Sans résultat…
Et puis un jour alors qu’il se morfondait se sentant prisonnier d’un grand labyrinthe sans sortie, il leva les yeux vers le clocher de l’église, prêt à déverser sa colère contre ce dieu qui ne l’écoutait pas, à se demander s’il existait même.
Incrédule il vit que les aiguilles avaient cessé de tourner. « Bah, encore une panne comme d’habitude » pensa-t-il.
Il alla un peu plus loin chez le bijoutier de la rue dont l’enseigne était une énorme horloge. Pareil, les aiguilles semblaient figées ! Il continua ainsi son chemin en allant partout où il savait pouvoir trouver des horloges visibles depuis la rue. Et partout les aiguilles étaient à l’arrêt. Il ne se tenait plus de joie, il avait été entendu. Par qui, il ne le saurait jamais mais sa prière avait été entendue. Il pensait que son temps de vie devenait ainsi infini ou, à tout le moins, prolongé du temps de repos des aiguilles.
Ainsi soulagé, il profita de la vie sans trop réfléchir, calmement mais intensément. Il ne se rendit même pas compte que les aiguilles avaient recommencé à tourner, 2 jours plus tard seulement après l’arrêt. En fait, dès que le satellite qui les pilotait avait été réparé par les techniciens responsables.
Six mois plus tard exactement, son souffle s’arrêta à son tour, comme les aiguilles, mais l’arrêt de celles-ci l’avait apaisé et changé avec bonheur sa manière de compter le temps.
Bonne journée à tou(te)s 😊
Sans blague ! ;)
http://gehem.over-blog.fr/article-sans-blaaaaague-45359932.html
…Et plus poétique ? :)
http://gehem.over-blog.fr/article-la-poesie-n-est-plus-ce-qu-elle-etait-45785560.html
Les sabliers, c’est juste pour oublier le bruit des souris.
Bonne journée.
Merci pour ces illustrations poéticomiques
Je le connais ce gros horloge. Serais-tu également dans le coin ? Je suis sur la Seine entre Yvelines et Eure.
Non, c’est une photo d’archives. Je suis Belge voyons et fière de l’être
Et tu as raison !
Le temps qui suspend son vol ! voilà ce que généralement on souhaite ! Je vois que cela s’est réalisé … dans un monde virtuel mais peu importe.
Merci Gene, et une petite promo pour notre atelier d’écriture préféré au passage
Merci , Bernadette . Espérons pouvoir jeter réellement l’ encre en septembre .et que les horloges ne se bloquent pas sur des interdictions pour les seniors !
Ça va aller Gene, on pourra à nouveau écrire ensemble et plus si affinités