La date limite du 20 mai étant (déjà!) atteinte, vous trouverez ci-dessous le texte que je propose pour cette édition de l’AI orchestrée par La craie.
Bonne lecture 😊.
Querelle de voisinage
« L’aurore sortait de l’océan sur son char de roses ». Il en avait déjà entendu des conneries se disait le Nain Glinspo[1] en entendant son voisin Groà déclamer des sornettes à la gamine, à peine pubère, qu’il avait recueillie mais là c’était le pompon !
La vérité était qu’il méprisait son voisin franchouillard, beauf comme pas possible et d’une bêtise sans limite.
Depuis que ce dernier avait décidé d’installer chez lui une sorte de Lolita des banlieues, il gonflait ses pectoraux et se prenait pour le coq du village. Il n’imaginait même pas que la gamine avait fugué de chez ses parents parce qu’elle avait un peu trop le feu au cul et ce couillon, croyant l’avoir séduite, l’avait invitée à partager ses allocations de chômage. Le couple le moins glamour de l’année…
Glinspo lui vivait seul, ronchonnait à longueur de journée et grommelait en bavant dans sa barbe. C’était pratique l’hiver parce que cette mauvaise habitude avait formé une espèce de trichobézoard qui lui tenait bien chaud au cou même si nombreux étaient ceux qui s’interrogeaient sur ce « tricot bizarre » porté été comme hiver.
Entre la gamine qui avait le feu au cul et le nain qui avait chaud au cou les noms d’oiseaux volaient souvent et pas que d’oiseaux d’ailleurs pour le grand plaisir du voisinage qui se poilait comme pas possible.
« Morue » lui criait-il, « Gros marsouin » répondait-elle et cela à longueur de journée par-dessus le mur mitoyen des jardins. A se demander si un certain lien ne se créait pas entre eux au travers de leur rituel très coloré.
Groà avait beau essayer de calmer le jeu les deux autres n’en démordaient pas. Et Groà de groasser « si c’est pas malheureux de devoir subir ça alors qu’on pourrait être si bien et boire une bière tous ensemble». Sa naïveté était consternante.
La vie s’écoulait inlassablement, tristement monotone, un jour chassant l’autre sans changement aussi subtil soit-il.
Un matin, Glinspo lança ses insultes par-delà le mur, une fois, puis deux puis trois et…rien ! Pas de réponse de la poison. Seuls les sanglots de Groà troublaient le silence. La gamine avait trouvé un autre pigeon à plumer et s’était envolée avec lui vers d’autres cieux.
A chaque nouvelle crise de larmes, Glinspo avait l’impression de ressentir des soulèvements de la terre de son jardin tellement les râles de son voisin grondaient gravement.
Heureusement, le temps qui arrange souvent bien les choses, atténua peu à peu la tristesse de Groà qui jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus[2] et il arrêta enfin de groasser à tout va.
Le quartier retrouva son calme mais Glinspo pensait parfois avec nostalgie au ping-pong verbal savoureux qui pimentait ses journées il y a quelque temps. Et il regrommelait de plus belle dans sa barbe en bavant…
[1] Le Ninglinspo est une rivière de Belgique
[2] Vous aurez reconnu le croassement du corbeau de La Fontaine qui présente de curieuses similitudes avec le groassement
bravo à tous ceux qui ont eu le courage de s’y mettre, c’était trop compliqué pour moi
J’ai eu la chance d’avoir 3 heures à passer dans l’avion qui me ramenait de vacances
Bonjour Photonanie,
quelle truculence en lisant votre participation au rythme très relevé (pas le seul d’ailleurs, concernant certains dialogues)! Merci pour ce moment, moins mots roses que d’autres en leur temps (pour rester dans le thème de tout fiche le camp, en particulier la rose Hollandaise chez nous).
Merci Lyssa.
Bonjour Bernadette,
ton texte est savoureux, il m’a bien amusée aussi!
Bonne soirée,
Mo
J’aime quand on me dit que ça amuse , merci Mo.
Bonne fin de journée.
Entre ctis et larmes , entre noms d’ oiseaux et de rivière, on ne s’ ennuie pas à lire cette histoire déjantée et haute rn couleurs ..Bon week-end,.Bernadette.
Ben c’est qu’on oublie souvent en écrivant que l’agenda est…ironique
Bon week-end Gene.
Ha ben si j’m’attendais !!! Hilarant ( de la baltique ) !!! Magnifiques (de barbarie, attention aux épines ) !!! Merci.
Comme tu parles un peu de Belgique, c’est difficile de ne pas penser à l’émission striptease et cette espèce de poésie du lamentable dont on riait parfois pour ne pas pleurer ( surtout quand ça tendait une sorte de miroir ). Enfin au début, après ça n’a pas toujours bien tourné.
Last but not least comme on dit.
Oh oui cette émission culte de chez nous qui montrait le côté pitoyable. Heureusement tout, et surtout tous!, ne sont pas comme ça
Le challenge n’était pas évident. C’est drôle et bien enlevé, bravo …
Merci Eric, j’ai fait tomber toutes mes barrières et j’ai “vu” mes personnages (tu me diras qu'(avec mon prénom c’est normal d’avoir des visions ).
Moi aussi cela m’a bien fait rire et c’est tout à fait vrai que l’on oublie souvent que l’agenda est ironique :)
Je me suis complètement lâchée pour pondre ce texte à plus de 10.000 mètres dans les nuages
A l’approche de la Fête des Voisins, in Frankrij, ce texte est doublement habile. Mais je souligne surtout l’habileté dont tu as fait preuve pour intégrer, judicieusement les termes de la consigne.. Et puis, j’ai goûté fort la manière dont tu as expédier l’incipit. Bravo et merci pour ce moment, Photonanie
Mais tout le plaisir est pour moi David
Beaucoup d’humour avec ce texte, j’ai bien ri !
Chouette alors
Bon jour Photomanie,
Diantre, un texte qui sent la floraison printanière et me fait penser à “souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie” :)
Bonne journée
Max-Louis
C’est pas l’idée mais si c’est ainsi que tu le comprends ok
Bon dimanche
Très bon texte, Berndatte, et puis j’ai appris iun nouveau mot, le Grôassement !
Bonne soirée.
Ah tu ne comprends pas le belge?
Bonne soirée.
bon j’ai oublié de valider mon commentaire l’autre jour pffffffff !
savoureuse ton histoire Bernadette, j’adore” Entre la gamine qui avait le feu au cul et le nain qui avait chaud au cou”, tu t’es bien lâchée
ça fait du bien Déjà que j’ai pondu ce texte dans l’avion de retour de Crête… ceci expliquant peut-être cela d’ailleurs
A te lire (dans un commentaire) l’inspiration vient lorsque tu as la tête dans les nuages. Continue à voyager, cela nous fait du bien
Ce n’est pas une condition sine qua non mais ça m’a permis de ne rien avoir d’autre à faire/penser
Ouf ! Très bon texte, qui n’a pas dû être facile à écrire ! Même le lire, pour moi, n’est pas évident. Je ne connaissais pas certaines expressions, même certains mots… (trichobézoard ??? on en apprend tous les jours ! ). Bravo, bel exercice.
C’était dans les consignes, ce n’est pas un mot que j’emploie tous les jours
N’hésite pas à aller voter sur le blog organisateur…
C’est fait.