Brick a book 345 ✍🏻

Comme chaque semaine, Alexandra, du blog Brick a book, nous propose une photo comme déclencheur d’écriture et, depuis peu, elle y ajoute des consignes complémentaires.

La photo

 Photo by Ingmar Hoogerhoud

Les contraintes: pour cette photo, il est interdit de parler nature et voyage.

Brumaire

Nous étions entrés dans cette période de l’année où le soleil enveloppait tout de chaleureuses couleurs. Du moins quand il était là… Le plus souvent, l’humidité montant du sol donnait une ambiance un peu magique, comme si on évoluait dans le brouillard. Mais peut-être était-ce juste le rideau de larmes tombé devant mes yeux qui me donnait cette impression.

J’avais fui tellement vite après la dispute et j’étais tellement bouleversée que j’avais couru sans m’inquiéter de savoir où j’allais. Et maintenant j’étais là, seule, en train de sangloter au milieu de nulle part. Essoufflée par la course, je m’étais laissé glisser au sol sur le tapis aux tons mordorés déjà bien épais en cette fin octobre.

Je regardais la route où n’était passée aucune voiture depuis que j’étais là en train d’essayer de me calmer et de comprendre ce qui avait mis le feu aux poudres.

Un bruit soudain me fit me retourner, vaguement inquiète dans mon isolement. Ce n’était qu’un petit écureuil roux, parfaitement assorti au décor. Il eut le pouvoir, sans explication rationnelle, de chasser mes larmes et d’amener un sourire attendri sur mes lèvres. Je me calmais enfin, peu à peu, en suivant ses cabrioles de mes yeux encore noyés.

Allons, j’allais devoir faire demi-tour et aller m’expliquer, mettre fin à ce désaccord stupide qui m’avait tellement bouleversée. Ce n’était donc pas si grave s’il avait suffi d’une rencontre avec ce que ma copine Josée qualifiait de “rat avec une belle queue” ;-)

Et si nous allions voir chez Brick a book ce que la photo d’Alexandra a inspiré aux autres personnes?

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Brick a book 344 ✍🏻

Pour l’atelier 344 de Brick a book, c’est  la  photo ci-dessous qui servira de déclencheur avec comme thématiques interdites : la ville et l’écologie. 

Keisuke Higashio

 

J’avais toujours été à contre-courant. Mes proches le savaient, j’avais des idées fixes et même carrément des TOC’s insurmontables. Ainsi, si je voyais un passage pour piétons je l’évitais et traversais plus loin, me faufilant entre les voitures en redoutant je ne sais quel maléfice provoqué par les stries. Et voilà que je ne sais qui avait eu l’idée de peindre des passages lignés sur le toit de l’immeuble où je travaille et où je prends mes pauses quand la météo est agréable!

Sans y prendre garde, le nez en l’air suivant le vol d’une abeille, je m’étais retrouvé au milieu de ces lignes peintes au sol. Par une superstition ridicule, je me refusais à marcher dessus. J’avais terminé mon pique-nique de midi  et je me dis que je pourrais lancer le sac contenant les restes au-delà des lignes blanches. Je pourrais ainsi prendre mon élan plus facilement en ayant les mains libres. Ça, c’était avant que je prenne conscience que je n’arriverais jamais à sauter une aussi grande longueur…

Je courais d’un côté à l’autre du triangle dans lequel j’étais convaincu que j’allais mourir, même si on était bien loin du triangle des Bermudes. L’angoisse me serrait la gorge. Je pensais aussi à la quadrature du cercle, mes maigres notions de géométrie dansant la samba dans ma tête. Malgré tout, je me sentais prisonnier de ces marquages et ne voyait aucune issue possible en raison de l’obsession qui paralysait mes membres.

J’en étais là de mes réflexions et mon pouls s’emballait de plus en plus quand j’aperçus soudain la silhouette menaçante d’un soldat tenant son fusil sur une des lignes blanches! Se pouvait-il qu’il ait été compressé au sol par la machine à peindre? Avait-il lui aussi voulu traverser le passage interdit? Était-il là pour me surveiller? J’avais beau le questionner, il restait muet le lâche!

Je commençais à transpirer de plus en plus et à m’agiter de manière convulsive en battant l’air de mes bras. Je sentis soudain qu’on me secouait en criant. Le soldat avait-il ressuscité pour m’emmener?

Je levai enfin les paupières et vis ma femme, assise dans le lit, une lueur mi inquiète-mi amusée au fond des yeux. Quelle idée aussi d’acheter des draps lignés noirs et blancs pour notre lit!

Pour lire ce que cette photo a inspiré comme autres histoires, il suffit de vous rendre sur le blog Brick a book.

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Brick a book 343 ✍🏻

Alexandra,  du blog Brick a book, souhaite nous faire sortir de notre zone de confort, et pour ça elle ajoutera chaque semaine une thématique à suivre (ou à ne pas suivre.) Le plus souvent, cette thématique sera en opposition avec la photographie.

Cette semaine, elle nous demande de parler d’hiver et de la photo ci-dessous.

© Photo by Alex Azabache

 

Noël serait là dans quelques jours et mon sapin naturel parfumait l’atmosphère du salon. J’étais bien, blottie dans mon canapé en mode relax, un bon feu de bois crépitant dans la cheminée et un chat ronronnant sur les genoux. Le sommet du bien-être en somme… Les minuscules lampes éclairant les décorations scintillantes participaient à l’ambiance feutrée de cet après-midi d’hiver.

J’avais délaissé la lecture qui, habituellement, occupait beaucoup de mon temps pour me pencher sur d’anciens livres photos réalisés quelques années plus tôt. Je m’étais replongée avec délice dans ces souvenirs d’un temps qui ne reviendrait plus. J’avais ainsi voyagé à nouveau, par la pensée, en Grèce, en Islande, en Ecosse,… et je venais d’ouvrir un album consacré au Maroc. Cette photo me transportait dans l’atmosphère malodorante des tanneries à ciel ouvert d’Afrique du nord. Je me souvenais qu’on nous avait fourni à l’entrée un bouquet de menthe très parfumé en nous conseillant de le tenir sous nos narines. Celui qui nous l’avait fourni, avant de tendre la main pour recevoir une obole, nous avait dit avec un grand sourire “masque à gaz berbère, très bien”. C’est vrai que c’était bien utile pour vaincre l’odeur tenace qui nous entourait tandis que des hommes travaillaient dans les cuves sans aucune précaution de sécurité. Inimaginable chez nous, mais eux semblaient heureux de travailler malgré tout. 

Tout m’était revenu d’un coup mais surtout les couleurs et toutes ces peaux entassées sur les bacs puis étendues à sécher avant la suite du traitement. Les objets en cuir était très nombreux dans les souks avoisinants et leurs prix défiaient toute concurrence. Mais combien de vies écourtées ou de maladies, de peau ou respiratoires, ces cuves avaient-elles provoquées?

Le jeu en valait-il la chandelle? Eux ne se posaient pas la question puisque les touristes achetaient en quantité de nombreux articles en cuir après les incontournables marchandages qui étaient l’essence même de l’échange commercial de l’endroit. Si on ne marchandait pas on lisait comme une déception dans leur regard. C’est une autre culture mais que appréciais et dans laquelle j’aimais m’immerger pour la découvrir, la comparer et finalement l’approuver pour ce qu’elle avait de direct et d’artisanal avec des rapports sans intermédiaires entre vendeur et acheteur bien loin des multinationales qui font ou défont des vies sans sentiments un peu partout dans le monde.

Ce qui me frappait au Maroc, c’était surtout le sourire et le bonheur que manifestaient les artisans qui pratiquaient leur art sous nos yeux. Oh bien sûr leur vie n’est pas que rêve mais leur philosophie qui consiste à travailler pour vivre et pour prendre le temps de vivre m’a souvent interpellée. Et si c’était eux qui avaient raison?

C’est à tout ça que je pensais en regardant danser les flammes qui léchaient les bûches dans le feu. Et j’étais tellement bien que, petit à petit, les livres photos ont glissé de mes genoux tandis que je m’assoupissais et m’envolais en rêve dans ce beau pays du Magrheb. 

Pour méditer un peu je vous propose de (ré)écouter Alain Souchon avant de filer voir sur Brick a book comment ce sujet a été traité.

https://youtube.com/watch?v=V_SNDGwwGFM

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Brick a book 342 ✍🏻

Comme chaque lundi, c’est le moment où je vous propose le texte inspiré par la photo proposée par Alexandra du blog Brick a book.

La photo qui a servi de déclencheur d’écriture se trouve ci-dessous:

© Gabriel Testoni

 

Dans sa famille on avait toujours été pêcheur, de père en fils, depuis cinq générations au moins. Dès qu’il avait tenu sur ses petites jambes son père l’avait emmené avec lui durant de longues journées en mer. On peut dire qu’il avait le pied marin et évoluait dans la barque aussi à l’aise que sur la terre ferme.

Quand il avait rencontré Marina, il avait cru à un clin d’œil du destin en entendant son prénom. Elle ferait une bonne épouse de pêcheur pensait-il. De son côté, elle était rapidement tombée sous le charme de  ce grand gaillard musclé et arborant un beau bronzage. Elle était captivée par ses grands yeux bleus.

C’est vrai qu’au début tout paraissait couler de source. Elle venait l’attendre chaque jour sur le port en lui faisant de grands signes dès qu’elle apercevait sa barque. Ils partaient ensuite tendrement enlacés vers sa cabane et ce qui se passait là ne nous regarde en aucun cas. Ils étaient jeunes, beaux et très amoureux.

Il insistait depuis longtemps pour qu’elle l’accompagne au moins une fois en mer et voit comment il gagnait sa vie. Il l’avait convaincue par un jour très ensoleillé et elle avait aimé ce moment de partage, seuls au milieu de la mer.

Puis les vacances s’étaient terminées et elle avait rejoint la ville où elle était étudiante. Ils s’étaient écrit souvent au début, de longues missives enflammées, emplies de leurs souvenirs estivaux. Elle était même venue passer une journée près de lui en octobre mais le froid, le vent et les embruns du bord de mer ne ressemblaient en rien aux beaux jours de l’été. Au fur et à mesure, elle devenait aussi maussade que le temps.

Ils se quittèrent avec un goût amer d’histoire qui va se terminer bientôt. Il reçut encore une ou deux lettres un peu tièdes où elle lui disait être très occupée par ses études. Quelques semaines passèrent ainsi qui bientôt devinrent des mois. Il se dit qu’elle ne serait pas épouse de pêcheur, que leurs univers étaient bien trop différents et qu’il valait mieux tourner la page.

Il ficela ensemble toutes les lettres de Marina et emporta le paquet dans sa barque. Il pensait jeter le tout au loin dans la mer mais il perdit l’équilibre et lâcha les feuillets pour se rattraper. Il regarda alors s’éloigner sur les flots les dernières traces de son grand amour d’été et put alors placer le point final à son histoire et porter à nouveau son poing à la ligne en pêcheur professionnel.

 

Pour lire les autres écrits suscités par cette photo c’est ici.

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Brick a book 341 ✍🏻

Ce lundi, Alexandra du blog Brick a book nous propose la photo suivante comme déclencheur d’écriture.

© Curtis Mac Newton

 

Et voici le texte qu’elle m’a inspirée:

Audaces fortuna juvat

Ils se croisaient parfois en passant d’un numéro à l’autre dans ce grand tableau peint au sol et qui était réadapté à chaque début de mois. Depuis que les dirigeants avaient décidé de procéder ainsi afin de répartir les tâches communes, les travailleurs devaient se disposer sur les numéros et les heures qu’ils devaient prester. Ça lui rappelait les rangs dans la cour du lycée où les élèves devaient attendre qu’un professeur vienne les chercher. Aujourd’hui, c’était pareil au boulot. Dès le matin, chacun(e) se dirigeait vers l’endroit qu’on lui avait indiqué et il/elle attendait, en compagnie de ses collègues du jour, qu’on les emmène sur leur lieu de travail de la journée.

Les dirigeants avaient choisi ce mode de fonctionnement afin d’éviter les regroupements et les collusions entre eux. Ils gardaient ainsi un plein pouvoir sur ceux qui les servaient. Diviser pour mieux régner avait, de tout temps, été le moyen de garder sa position dominante et aujourd’hui, en 2521, c’était encore le cas.

Il n’empêche que le hasard les avait placés quelques fois ensemble pour la journée et depuis chacun d’eux rêvait à leur prochaine rencontre avec espoir. D’un seul regard la première fois, ils s’étaient compris, sans un mot. Ils avaient travaillé ensemble toute la journée en parfaite communion, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Leurs échanges oculaires  en disaient davantage que tous les mots usés par les hommes d’avant, du temps où le fonctionnement du monde du travail était à cent lieues de ce qu’il était devenu aujourd’hui.

Les alliances entre travailleurs étaient formellement interdites par le règlement, même si certains préféraient risquer leur vie pour rejoindre celui ou celle qu’ils avaient choisi. Eux n’en étaient pas encore là mais, à chaque rencontre, le lien qui les unissait se resserrait, n’en déplaise aux dirigeants. Ils devaient être prudents mais avaient mis au point un système codé qu’ils utilisaient avec prudence mais qui ajoutait encore du piment à ce qu’il était convenu d’appeler leur relation.

Bientôt ce serait la fin de l’année et ils pourraient peut-être alors échapper pour un temps à la surveillance. C’est cela qui les faisait tenir et qui faisait briller leurs yeux. Ils étaient attentifs à ne commettre aucune imprudence surtout s’ils voulaient croire en un avenir commun.

Aujourd’hui elle était dans le groupe 30 et lui dans le 5 et ils se regardaient en croisant discrètement les doigts, dans l’espoir de vivre bientôt leur rêve interdit…

 

Pour lire les textes des autres participant(e)s, rendez-vous sur le blog Brick a book.

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Brick a book 340 ✍🏻

Cette semaine, c’est sur la photo ci-dessous qu’Alexandra du blog Brick a book nous propose d’écrire.

© Roman Kraft

 

Et voici les mots qui m’ont été inspirés.

Voilà. La maison était vide. Après le décès de la première moitié du couple que formaient mes parents contre vents et marées, je n’avais rien vécu de tel. La survivante avait continué à vivre dans la maison, rien ne changeait fondamentalement mais là… Non seulement je devenais orpheline, ce qui à mon âge devrait être supportable, après tout j’avais depuis longtemps fondé ma propre famille, mais je devais vider la maison de toutes ces traces de vie qui l’habitaient.

Mes sœurs avaient toujours de bonnes raisons pour ne pas venir m’aider dans cette tâche où j’avais non seulement la charge de décider ce qui devait, ou pouvait, être sauvé puis récupéré par l’une ou l’autre d’entre nous mais aussi ce qui devait partir aux ordures et disparaître à tout jamais. Trois semaines déjà que je passais tout mon temps libre entre ces murs.

J’avais, dès le départ, préparé une boîte où déposer les nombreuses photos disséminées un peu partout comme si la peur d’oublier que ces gens avaient existé flottait toujours dans l’air.

J’étais maintenant assise à même le sol, la boîte débordant de photos devant moi, au milieu du salon vide dont les murs résonnaient des jeux des enfants voisins. Je plongeais dans ces souvenirs, ces histoires de vies qui s’étaient croisées, recroisées, décroisées aussi. J’y trouvais des portraits d’un passé tellement lointain que je n’arrivais  pas toujours à identifier tel ou tel visage. Je jouais à saute-mouton avec le temps, voyant tour à tour mes propres parents déjà âgés tandis que mes grands-parents paraissaient tout jeunots et guindés sur leur photo de mariage en noir et blanc. Mes sœurs et moi étions les plus présentes dans cet amoncellement de souvenirs.

Ce voyage dans le passé me rendait un brin nostalgique et mélancolique. Les larmes n’étaient jamais loin de couler en regard de ce qui avait été et ne serait plus jamais. Ainsi va la vie mais je voyais que les moments de bonheur avaient vraiment existé et qu’ils étaient nombreux. Ils comblaient peu à peu la sensation de vide qui s’insinuait en moi et me faisait frissonner.

Je décidai d’emporter toutes ces photos sans rien en dire à mes sœurs. Ce serait ma récompense pour le travail accompli. De toutes manières, si elles n’avaient pas trouvé le temps de m’aider dans cette tâche émouvante de tri, comment pourraient-elles prendre celui de laisser leur esprit vagabonder vers un passé à jamais révolu? Je serai désormais la gardienne du temps passé et j’essayerai de donner le relais à mes propres enfants afin que le fil ténu de notre famille continue à se dérouler.

 

N’hésitez pas à aller voir sur le blog ce que cette photo a inspiré comme autres histoires.

 

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Brick a book 339 ✍🏻

Comme chaque lundi, je participe à l’atelier d’écriture en ligne du blog Brick a book.

Cette semaine, c’est la photo ci-dessous qu’Alexandra nous propose comme déclencheur d’écriture.

© Alexandre Radelich

 

Cœur qui balance

Un blond, un brun. Lequel des deux allait gagner en arrivant le premier au ponton, c’est ce qu’Anna se demandait à présent.

Elle avait des palpitations rien qu’en les regardant depuis la rive, n’encourageant ni l’un ni l’autre mais souhaitant toutefois qu’ils gagnent tous les deux.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris, après avoir fréquenté assidûment les deux hommes pendant plusieurs mois, de leur suggérer de faire la course à la nage dans le lac tout proche en leur promettant de ne plus fréquenter que l’un des deux, le vainqueur de ce jeu idiot?

C’était comme si elle s’engageait à ne plus boire que de la bière blonde ou de la brune pour le reste de sa vie! Et pourtant elle aimait les deux saveurs si différentes, l’une forte et l’autre si rafraîchissante. Et bien pour ses amoureux, c’était pareil et suivant son humeur du jour elle avait envie de voir l’un ou l’autre. Ils se complétaient si bien tous les deux que, ensemble, ils formaient ce qui représentait à ses yeux, ou en tout cas s’en approchait très fort, l’homme parfait.

Elle avait pourtant bien cloisonné les deux histoires mais, un jour, se promenant avec l’un, ils avaient croisé l’autre. Depuis, l’un et l’autre la sommaient de choisir. Comme elle en était incapable, elle avait eu cette idée de course qui maintenant lui semblait loufoque et la stressait au plus haut point.

Elle voyait une telle détermination dans les paires d’yeux face à elle que malgré sa fierté de susciter une telle rivalité dont elle était le seul enjeu, elle tremblait d’avance de devoir dire adieu au perdant.

Après une succession de suées et de frissons accompagnés de battements de coeur désordonnés, elle s’évanouit tant la tension était forte. A son réveil elle était seule, ses deux amoureux avaient disparu. Ils étaient arrivés pile poil au même instant au bord et, sachant qu’elle en profiterait pour ne pas trancher, ils avaient décidé de s’éclipser puisque, quoi qu’il arrive elle serait insatisfaite…

C’est ainsi qu’elle perdit, l’un et l’autre, le blond et le brun!.

 

Et si vous m’accompagniez chez Brick a book pour voir ce que cette photo a inspiré comme autres histoires?

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Brick a book 338 ✍🏻

Comme chaque lundi, je participe à l’atelier d’écriture en ligne d’Alexandra sur son blog Brick a book.

La photo proposée se trouve ci-dessous et, juste après, les mots qu’elle m’a soufflés.

© Etienne Boulanger

 

Sursaut

Une impression de déjà vu, le sentiment d’avoir déjà vécu ce moment… Mais oui je me souvenais maintenant. C’était il y a dix ans déjà. Nous venions d’arriver à Montréal et mon amie Josée nous avait invités dans l’immeuble où elle travaillait. Après nous être retrouvés place Ville-Marie, nous étions montés à sa suite vers son bureau qui se trouvait au quarantième étage. L’immeuble dans lequel nous nous trouvions avait une structure en forme de croix ce qui fait que nous pouvions, en parcourant les différents couloirs, voir à 360°. De là-haut nous embrassions les environs en ayant le sentiment de dominer le monde. Près de nous, un nid d’urubus à tête rouge était installé et nous observions le manège des parents soucieux de veiller sur leur progéniture. C’était, à part nous, la seule trace un peu vivante de cet endroit.

Mais aujourd’hui tout ça était bien loin et c’était seule que je me trouvais devant cette fenêtre à observer ces constructions sans âme où se trouvaient d’autres gens qui, comme moi, devaient passer leurs journées à travailler, enveloppés par le béton, le métal et le verre. Que des matières froides, alors que je rêvait de bois aux teintes chaudes, d’un feu de cheminée, de rires et de chaleur humaine…

Heureusement que l’église dominait les constructions qui l’entouraient. Oh je n’étais pas très pratiquante, loin de là, mais c’était le seul bâtiment où je pouvais, peut-être, espérer me sentir bien, un endroit à taille humaine et moins impersonnel même si on se sentait tout petit quand on y entrait. De l’endroit où j’étais on pouvait quand même penser pouvoir y trouver un peu de réconfort et se sentir moins écrasé par l’indifférence.

Qu’est-ce qui m’était passé par la tête quand j’avais subitement tout quitté pour venir m’installer dans ce pays si froid où, malgré la chaleur de l’accueil, je ne me sentais pas à ma place. Je redoutais les longs mois d’hiver à venir… Soudain j’attrapai mon sac et me dirigeai vers l’ascenseur en courant. Le rez-de-chaussée, vite, la porte du hall tenue par le portier. Enfin j’étais dehors et mes pas me portaient vers l’église où je savais pouvoir trouver suffisamment de calme pour réfléchir à ma vie et prendre enfin la décision de lui donner un autre sens. Il suffisait de le vouloir et là, je le sentais, j’étais prête à choisir la direction du bonheur!

Je vous invite à aller voir les écrits des autres participants sur le blog Brick a book.

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Brick a book 337 ✍🏻

Ce lundi c’est l’image ci-dessous qui nous est proposée par Alexandra comme déclencheur d’écriture sur son blog Brick a book.

©Samuel Zeller

 

Et voici les mots qu’elle m’a inspirés:

Bien vu!

Ils étaient là, tous mes chéris. Certains se dirigeaient vers la terre ferme tandis que d’autres s’en éloignaient. Mais tous apparaissaient et s’évanouissaient en même temps! Sans logique aucune, comme dans un rêve.

Sauf que j’étais bien éveillée! La douleur ressentie en me pinçant le bras tout à l’heure m’avait confirmé la chose: je perdais peut-être la raison mais j’étais bien éveillée, ça au moins c’était certain.

J’avais beau agiter les bras, crier à perdre mon souffle, aucun d’eux ne me regardait. Si au moins je n’avais pas la jambe dans le plâtre, je pourrais aller vers eux, pour les rejoindre mais surtout me rassurer. Mais non, il avait fallu que je trébuche sur le bord du muret où j’avais sauté. Comme si soudain celui-ci s’était mis à onduler! Et bien sûr cela était arrivé le deuxième jour des vacances en Bretagne. Si seulement ç’avait été le dernier, j’aurais non seulement pu profiter pleinement de notre séjour pour me défouler et enfin bouger comme je le faisais bien trop peu à mon bureau mais j’aurais même bénéficié de quelques jours supplémentaires de congé jusqu’à ce que je puisse conduire ma voiture et aller au boulot.

Bref, le temps passait et je le trouvais trop lent à égrener ses minutes. C’est que j’en avais marre de rester toujours en arrière du groupe ou sur un banc où on m’aidait à m’installer comme si j’étais à moitié grabataire alors que j’avais à peine 50 ans…

Pendant ce temps mon mari et les enfants escaladaient les rochers, jouaient à s’éclabousser, faisaient le plein d’iode, rigolaient,… Après, en me rejoignant, ils ne manqueraient pas de me raconter comme ils s’étaient bien amusés.  Pas comme moi, ça c’est certain, moi j’étais comme un crabe échoué sur le dos et qui n’arrive pas à bouger.

Enfin, il me semblait qu’ils faisaient mine de revenir vers moi. “Pas trop tôt”, me disais-je en ayant l’impression d’être restée une éternité sur ce banc bien trop dur. Bref, je n’avais pas le moral et je devais me forcer à arborer un sourire malgré tout.

“Ça va?”, me demanda directement mon époux. “On a essayé de ne pas te laisser seule trop longtemps. En plus il ne faisait pas très chaud et l’eau qui clapote près des rochers fait un bruit incroyable: je suis sûr qu’on n’entendrait même pas une corne de brume!”

En claudiquant comme je pouvais jusqu’à la voiture, mon amertume se tassa un peu et je me rappelai, enfin, le rendez-vous de l’après-midi chez l’ophtalmologiste qui devait confirmer la date de mon opération de la cataracte…

 

Et si vous m’accompagniez pour voir les écrits des autres sur Brick a book?

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Brick a book 336 ✍🏻

Comme tous les lundis je participe à l’atelier Brick a book d’Alexandra et c’est la photo ci-dessous qui nous a été proposée comme déclencheur d’écriture.

©Darwin Vegher

Et voici les mots qu’elle m’a inspirés:

Le cercle magique

Depuis que j’avais photographié cet objet avec mon portable, l’hiver dernier, je me demandais à quoi il pouvait bien servir. J’avais imaginé enflammer le cercle et y faire sauter des fauves bien dressés mais c’était ridicule, si j’y mettais le feu, il brûlerait et serait dès lors inutilisable. Ça ne devait pas être ça le truc.

Peut-être pas besoin de l’enflammer mais juste de le placer à bonne distances d’acrobates très doués qui virevolteraient a travers. Hum, non plus. D’ailleurs, il n’y avait peut-être aucun lien avec un spectacle de cirque.  Mais à quoi cela pouvait-il bien servir alors?

Peut-être tout simplement à rien si ce n’est à décorer la clairière, qui sait?

Cette histoire me turlupinait tellement qu’il avait fallu que je retourne sur place, cet été, dans la grande clairière au milieu du bois,  A force de comparer ma photo et l’objet en question, mes yeux s’étaient brouillés et je m’étais allongée, fatiguée subitement de ces vains questionnements.

J’étais tellement bien sur la mousse fraîche que des petits personnages aux faciès inhabituels ont aussitôt envahi mes rêves. Ils étaient rigolos avec leurs chapeaux mous, leur oeil unique au milieu du front et leur longue queue de marsupilami. Vraiment très sympas en plus et très souriants enfin si leur rictus était bien un sourire évidemment. C’est qu’ils ne ressemblaient à rien de ce que je connaissais mais ils me faisaient rire et j’aimais ça. Celui qui avait l’air d’être le chef ne riait pas mais disait des trucs bizarres sur un ton nasillard: “e©bs*qv%AVE§e$!” Il semblait donner des ordres aux autres qui, tour à tour, baissaient le front en courant dans tous les sens.

A un moment, il a fait un signe en montrant le cercle qui m’interpellait tellement et tous ont sauté à l’intérieur, comme des lapins, à la queue leu leu.

C’était tellement mignon et comique à la fois que je n’ai pas pu m’empêcher de rire et c’est mon rire qui a mis fin à la torpeur qui m’engourdissait.

Quand j’ai ouvert les yeux, je n’ai vu aucun petit personnage souriant et sautillant à mes côtés mais j’ai ressenti une grande douleur au dos causée par l’humidité du sol où j’étais restée allongée de nombreuses heures!

Quand je suis enfin arrivée à me redresser, j’ai eu beau ausculter le cercle de tous les côtés je n’ai retrouvé aucune des créatures. Je m’apprêtais à quitter les lieux, dépitée, quand j’ai aperçu, juste sur le bord, un minuscule chapeau mou coincé entre les brins d’osier. Je n’avais donc pas rêvé tout à fait et je  me suis juré de revenir souvent dans la clairière. Et quand je voudrai m’évader en pensée de ma vie routinière, je pourrais toujours regarder la photo stockée dans mon portable. Il n’y a que moi qui saurai qu’il s’agit de la porte vers un monde imaginaire…

Et si nous allions, souriants et sautillants😊, voir chez Brick a book ce que cette photo a inspiré aux autres participant(e)s?

Et on termine en chanson avec un petit retour dans le passé.

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