Je participe chaque semaine à l’atelier d’écriture proposé par Alexandra du blog Brick a book. Ce lundi, la photo qu’elle nous propose d’illustrer en histoire est celle ci-dessous.
J’avoue qu’elle déclenche moins d’idées chez moi que les précédentes mais je ne m’avouerai pas vaincue pour autant. Vous pouvez lire, sous la photo, le texte qu’elle m’a inspiré.
La faim justifie les moyens
Il avait faim, tellement faim! Ces billets qui étaient tombés de la poche d’un touriste le matin même avaient été dans sa journée comme une lueur d’espoir, hélas vite éteinte. Il les observait avec insistance, perplexe et tellement dépité. L’horloge lui rappelait que midi était largement dépassé et faisait comme un écho aux gémissements de son estomac vide. L’oiseau semblait se moquer de lui et de sa misère. Le poisson, hmmm! le poisson, dont il lui semblait sentir l’odeur de friture et même le jus de citron, indispensable quand on est gourmet. Quant à la grenouille, c’est sûr qu’elle était mignonne comme ça sur sa tige mais il était tellement affamé qu’il imaginait plutôt ses bonnes cuisses bien grasses avec une sauce à l’ail qui le faisait grincer des dents de manière irrépressible.
Oh, je sais ce que vous pensez, avec cet argent il pourrait acheter à manger, sauf que…on n’accepte pas les dollars des Bermudes dans un restaurant parisien, même non étoilé! Et puis, il n’inspirait pas trop confiance dans ses vêtements crasseux, sa barbe de huit jours et son haleine avinée. Et son chien, son seul ami, tellement fidèle mais un peu pouilleux, il fallait bien le reconnaître, jamais il ne l’attacherait à l’extérieur, le temps de manger… Il n’avait pas perdu tout jugement sur sa situation actuelle. Quand il était encore cadre dans une importante société, il était tiré à quatre épingles et fréquentait de beaux restaurants avec ses collègues aussi nantis. Et puis la vie, parfois belle mais aussi parfois cruelle, l’avait envoyé au tapis. Un divorce douloureux, l’éloignement de ses enfants emmenés par son ex-femme dans un autre pays, moins d’assiduité au boulot où finalement on l’avait remercié en assurant qu’on n’oublierait jamais tout le bien qu’il avait apporté à la société. Qu’on lui en serait toujours reconnaissant et bla bla bla… Il s’était retrouvé sans emploi avec une petite somme d’argent qui avait fondu comme neige au soleil. Il n’était pas spécialement dépensier mais, pour ses enfants, il avait fait quelques folies, espérant ainsi que ceux-ci ne l’oublieraient pas trop vite dans leur nouvelle vie. Et puis la dégringolade, inattendue, incompréhensible mais tellement rapide…
Reprenant son calme et ses esprits, il regarda à nouveau ces billets inutiles. C’est vrai qu’ils étaient beaux, joliment décorés, mieux que les euros trouvait-il, plus exotiques aussi mais tellement insidieux dans les réflexions qu’ils provoquaient!
A deux pas de là, un jeune homme regardait ce pauvre hère penché sur ces billets tellement colorés. Il en avait envie mais n’osait pas. Prenant enfin son courage à deux mains, il aborda le clochard en lui expliquant qu’il collectionnait les billets étrangers et n’en avait encore jamais vus d’aussi beaux. Il aimerait tellement les posséder. Il proposa d’aller lui acheter un menu au Mac Do tout proche, pendant toute la semaine, en échange des quatre billets.
Ce n’était pas vraiment des cuisses de grenouilles ou du poisson mais il avait tellement faim que ce fut peut-être le meilleur repas qu’il ait fait depuis longtemps! Il s’endormit, repu, dans ses cartons avec, comme une veilleuse, la petite lueur d’espoir aperçue le matin qui s’était rallumée: la vie, parfois cruelle mais aussi parfois belle 😉
N’oubliez pas d’aller voir sur Brick a book ce que cette photo a inspiré aux autres participant(e)s. Je suis sûre que vous y trouverez de belles surprises.
En être réduit à survivre avec de la malbouffe Mac Do ! Le destin des billets est plus enviable, mis en valeur dans une farde ad hoc. Eux au moins ont retrouvé une place convenable. J’espère lire la suite de l’histoire de ce mendiant accompagné de son chien ! Bien joué en tout cas. Amitiés.
En être réduit à survivre avec de la malbouffe Mac Do, alors que les billets retrouvent une place ad hoc! Voilà bien notre monde . Bien joué, Bernadette.
Crois-moi ou pas, je n’ai jamais goûté un Mac Do de ma vie! Mais c’est vrai aussi que je n’ai jamais vécu dans la rue…
Pas très charitable de lui échanger contre du Mac Do ! Mais bon c’est ton choix d’écrivain ! ;)
Moi je serais allé à un bureau de change ! A 0,89 € le dollar des Bermudes, c’était nettement plus intéressant ! ;)
Pas sûr, pour ce que j’en sais des prix du Mac Do
Une belle idée, ton histoire… ;)
Je te rassure, je n’ai jamais mangé de Mac Do non plus… Ceci dit, j’imagine que pour quelqu’un qui ne mange pas à sa faim, avoir un repas toute une semaine doit être le rêve… ;)
Merci Jos, c’est ce que je me suis dit en fait