Comme chaque lundi, je participe à l’atelier d’écriture en ligne du blog Brick a book.
Cette semaine, c’est la photo ci-dessous qui nous est proposée comme déclencheur d’écriture et la contrainte est de placer dans notre texte le mot “chevillette”.
Ce sont ses chaussures colorées qui avaient d’abord attiré mon regard. On aurait dit qu’elle les avait choisies pour les assortir à sa couleur de cheveux. C’était étrange, cette dame au bord de l’eau ressemblait à un fantôme. Un peu floue et un brin diaphane, si on excepte sa chevelure et ses pieds, elle tenait son sac à main comme si sa présence élégante était normale à cet endroit…
Les gamins en haut jouaient à sauter dans l’eau et à recommencer encore et encore et elle, elle les regardait, impassible.
Personne n’imaginait que sa mission était d’enlever la chevillette afin de libérer les parois du barrage. Elle n’était pas là par hasard et ses projets n’avaient rien de bienveillants. Au contraire, elle se réjouissait du bon tour qu’elle allait jouer à ces gamins qui s’amusaient et riaient aux éclats alors qu’elle avait perdu le goût de vivre depuis si longtemps. Elle avait d’abord sombré dans l’alcoolisme puis était devenue le pantin d’une bande de voyous qui lui ordonnaient d’exécuter les pires bêtises tout droit sorties de leurs cerveaux dérangés en échange d’une bouteille de mauvais vin.
Sa seule erreur avait été le choix de ses escarpins car c’est en les voyant que les gamins avaient commencé à l’observer. Comment allait-elle faire maintenant pour mener à bien la mission que son esprit dérangé se sentait obligée d’accomplir?
Elle frissonnait d’angoisse, triturait les anses de son sac, marmonnait toute seule. Les gamins eux riaient aux éclats en regardant cette vieille folle figée au sol. Elle n’avait plus aucune possibilité d’atteindre la chevillette discrètement et elle s’effondra en larmes au bord de l’eau comme une gamine désobéissante qui va être grondée…
Comme chaque semaine, je vous invite à aller sur Brick a book voir ce que cette photo a inspiré aux autres participant(e)s.
Bonjour Bernadette !
Belle imagination ! … Tu n’as pas trop éclusé pour trouver cela ?
Bonne journée toute pourrie en Normandie: un temps à ne pas mettre un poilu dehors !
Pierre
Non ce n’est pas encore l’heure de l’apéro
Magnifique hier chez moi et aujourd’hui pas de pluie
Bon lundi férié.
D’ où il ressort que les malfrats auraient dû mieux choisir l’ accoutrement de leur complice. Et tant mieux ! Les gamins s’ en sortent indemnes et la ” complice” s’ effondre, ce qui finalement lui épargne un méfait.. Elle doit son ” salut ” à … ces chaussures orange de mauvais goût ! L’ importance du détail ! Bien joué !
Merci de ta relecture Gene. J’aime quand ça se termine pas trop mal
Bonne journée.
Il y a une question qui me vient immédiatement à l’esprit : est-ce qu’elle fume ? ;)
Tu crois qu’elle attend le client?
Toute la misère humaine chez cette malheureuse … Beau texte plein de désespoir.
Merci pour cette appréciation bienveillante.