Comme chaque lundi je participe à l’atelier d’écriture en ligne Brick a book.
Cette semaine, c’es la photo ci-dessous qui sert de déclencheur et il n’y a pas de contrainte thématique interdite. Youpie! 😊

J’avais retiré cette photo du tas de vieux portraits retrouvés dans une boîte métallique après le décès de mes parents.
Je me souvenais que, gamine, je ne comprenais pas que ma mère, qui me paraissait si vieille du haut de ses trente trois ans, ait pu être amie avec ces souriantes jeunes filles. Elle m’avait raconté que la photo avait été prise au lendemain de la guerre qui avait frappé si durement les Ardennes où elles vivaient. Les demoiselles avaient pris beaucoup de plaisir à poser pour cette photo où on les voyait déguster les chewing gum offerts par les Américains venus les libérer. C’était nouveau pour elles cette matière qu’on mâchait sans l’avaler pour ne pas « qu’elle reste collée partout dans le ventre ».
La guerre, encore une abstraction pour une petite fille… qui écoutait, avec incompréhension, raconter les privations, la peur, le froid mordant les jambes colorées à la chicorée et les galoches à semelles de bois.
Elle me parlait aussi de chacune d’entre elles: de Johanna partie au Mexique avec un soldat séduisant, de Jeanne et Joséphine, les deux sœurs célibataires qui vivaient toujours dans la maison de leurs parents et puis elle, à l’arrière. Elle regardait d’un air déjà méfiant ce qu’elle allait mettre en bouche. Cette habitude ne la quitterait jamais comme si le manque de tout durant presque cinq ans avait ancré cette nécessité de bien regarder, goûter, analyser ce qu’on mangeait pour en tirer un maximum de plaisir.
Aujourd’hui c’est à mon tour et ce sont mes petits-enfants qui ne me reconnaissent pas sur les photos du passé. Quant à la guerre… Les nombreuses vues présentées sur le petit écran la font entrer quotidiennement dans notre vie mais ça se passe toujours ailleurs, loin de nous, sans la force émotionnelle du récit d’un proche qui l’a traversée dans sa jeunesse.
Je vous invite, comme chaque lundi, à aller voir chez Brick a book ce que cette photo a inspiré comme beaux textes aux autres personnes 😊
Dehosay
18 Nov 2019Très beau texte !
photonanie
18 Nov 2019Merci Dany, semi-auto-biographique 😉
Pierre
18 Nov 2019Bonjour Bernadette !
Tu as bien travaillé à partir de cette photo !
Je suis né en 46 … tout juste après la guerre !
Il est vrai que les événements vécus restent gravés dans les mémoires: je me souviens très bien de 68 et des 5 semaines de grève dans mon usine que nous occupions ! ça marque !
Bonne journée !
Pierre
photonanie
18 Nov 2019Moi, bien que gamine, je me souviens des grèves de 60 en Belgique: mon père, ouvrier, ne touchait plus son salaire, nous vivotions grâce au crédit de l’épicière du coin…
Mes enfants ne peuvent pas imaginer cette vie.
Profitons de chaque jour qui passe Pierre, Carpe Diem 🙂
marinadedhistoires
18 Nov 2019Très émouvant ! Je retrouve des tas de réflexions entendues dans la bouche de ma mère qui était jeune fille pendant la guerre, elle aussi ! Ah, le chewing-gum qui colle au ventre, cette légende a perduré jusque dans les années 60 quand j’ai commencé à en mâcher moi aussi !!
photonanie
18 Nov 2019Cette photo a fait remonter des tas de choses chez moi…Nostalgie quand tu nous tient 😉
Geneviève Hubinon
18 Nov 2019On ne peut que croire à cette histoire. Notre génération en tout cas ! Bonne soirée.
photonanie
18 Nov 2019Oui mais faut-il s’en réjouir, c’est une autre question 😉 Bonne soirée Gene.
Chinou
18 Nov 2019Elles ont découvert le chewing gum, ils m’ont fait découvrir le coca cola. Ta dernière strophe (Quant à la guerre… Les nombreuses vues …..sans la force émotionnelle du récit d’un proche qui l’a traversée dans sa jeunesse) sonne douloureusement juste :
photonanie
18 Nov 2019Merci de ton appréciation Chinou.
J’ai prévu un article plus léger demain 😉