Atelier d’écriture Bricabook

Comme chaque dimanche, Alexandra du blog Bricabook nous propose une photo. Notre rôle c’est d’écrire un texte court inspiré par cette photo.

Vous trouverez la photo ci-dessous et mon texte à la suite. Je vous encourage vivement à aller lire les autres textes, vous risquez d’avoir quelques bonnes surprises 👍.

Je vous souhaite une bonne semaine.

©Johannes Plenio

Maman m’a encore grondée alors je me suis sauvée dans le champ d’à côté pour me calmer comme à chaque fois qu’elle éleve la voix.

En plus, elle n’aime pas quand je souffle sur les aigrettes des pissenlits en disant que sa pelouse va en être envahie. Et alors? J’aime bien moi ces petites fleurs qui attirent les insectes mais Maman trouve que ça fait de vilaines taches sur le vert de sa pelouse digne d’un green de golf. Au moins ici je suis aux anges, pas de gronderie et des pissenlits à perte de vue. De quoi m’amuser à soupirer de plus en plus fort pour les faire s’envoler comme de petites plumes.

C’est pour moi l’endroit idéal pour me ressourcer en été. J’en sors généralement plus légère et souriante, ayant oublié toutes les contrariétés de ma jeune vie. Je n’ai que dix ans mais depuis que Papa est parti vivre ailleurs on ne rigole plus trop à la maison et Maman s’énerve pour un rien.

Le plus difficile c’est quand il pleut… Je n’ai aucune échappatoire aux cris maternels. Alors l’été passé j’ai demandé à un copain plus grand de me prendre en photo dans le champ. J’ai épinglé ce cliché dans ma chambre et je peux ainsi m’évader rien qu’en la regardant. C’est chouette non?

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Brick a book 430

Il n’y a pas eu de photo proposée la semaine dernière mais cette semaine Alexandra est revenue avec une nouvelle photo de Fred Hedin sur laquelle nous poserons les mots qu’elle nous inspire.

La photo est ci-dessous et mon texte à la suite, comme d’habitude.
Les autres textes inspirés par la même photo sont à découvrir sur Brick a book.

Bonne lecture et bonne semaine.

L’appartement

Je cherchais un logement depuis longtemps mais mon budget serré ne me permettait aucune folie.

Un jour j’ai vu une affiche “A louer” sur la fenêtre de la boucherie où j’allais parfois.

Le boucher voulait prendre sa retraite mais n’avait pas trouvé de repreneur. Sa femme le menaçait de partir seule s’il ne jetait pas l’éponge. Elle avait vécu dans le sang toute sa vie et rêvait de plages paradisiaques où finir ses jours.

Nous nous mîmes d’accord sur un loyer modeste. Il débarrassa les lieux de toutes ses machines qu’il avait revendues à bon prix apparemment.

Le comptoir est devenu mon plan de travail. Quelques tabourets de bar faisaient tout leur effet. La balance était restée en place et décorait plutôt bien. Je l’utilisais même parfois lors de mes rares essais culinaires.

J’avais coupé les moteurs de la chambre froide et en avait fait un grand rangement avec des portes qui se fermaient on ne peut mieux. Les tringles sur lesquelles étaient auparavent accrochés les gros morceaux de viande me faisaient une penderie acceptable et, pour le coup, originale.

J’avais même trouvé des tentures soldées qui protégeaient mon intérieur de la curiosité des passants.

Tout aurait été pour le mieux si je n’avais pas fait chaque nuit des cauchemars dans lesquels des animaux morts venaient me demander des comptes…

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Brick a book 427

Alexandra nous propose de publier le dimanche à la place du samedi le texte qui nous est inspiré par la photo de Fred Hedin.

Ci-dessous la photo et à la suite mes mots…

Pour lire les autres textes inspirés par la même photo, c’est par ici.

Bonne lecture et à dimanche prochain.

©Fred Hedin

La fièvre du vendredi soir

La journée m’avait semblée longue au bureau. Depuis ce matin, j’avais le nez qui coulait, je toussais beaucoup et mes oreilles ne laissaient entrer que des sons fortement atténués. Pas eu envie de manger ce midi, aucun goût pour la nourriture.

J’en étais sûre, c’était cette lèche-botte de Suzon qui m’avait refilé la grippe. A force de vouloir se faire bien voir par le patron, elle était venue travailler deux jours de suite alors qu’elle était fièvreuse. Depuis, tous les employés tombaient comme des mouches à cause d’elle!

Manque d’effectifs et travail constant m’avaient amenée à prolonger ma journée au-delà des heures habituelles. Et je me retrouvais, en soirée, dans ma rue presque déserte, à me traîner en croisant les doigts pour arriver jusque chez moi sans encombre. J’espérais que le week-end me permettrait de retrouver la forme.

Je voyais une silhouette floue, juste au coin, mon coeur battait plus vite: bonne ou mauvaise rencontre?

En m’approchant, parce que je n’avais pas d’autre choix, je reconnus avec soulagement mon frère qui avait eu la bonne idée de passer me montrer les dépliants de ses prochaines vacances.

Heureusement, depuis l’épidémie de Covid, j’avais toujours un masque dans mon sac. Je l’enfilai vite fait pour ne pas le rendre malade à son tour avant de lui proposer d’entrer quelques minutes dans la chaleur de mon appartement. Je me reposerais plus tard…

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Brick a book 390 ✍🏻

En ce début d’année, j’ai décider de continuer à essayer d’écrire au départ d’une photo proposée sur le blog Brick a book chaque lundi, ou presque 😉.

Cette semaine c’est la photo ci-dessous qui sert de déclencheur d’écriture et le texte qu’elle m’a inspiré se trouve à la suite. Bonne lecture à vous.

©Valentina Aleksandrovna

J’étais là, couchée sur la paille de la grange à me demander si je n’avais pas rêvé.

Un peu plus tôt, je courrais à travers champs comme une folle en portant toujours la couronne de fleurs tressée par ma sœur qui m’avait dit en l’ajustant: “Ce  diadème te donne l’allure d’une reine”.

Soudain, Gontrand, le fils du châtelain, m’avait arrêtée. Il était là, planté devant moi, un franc sourire éclairant son visage hâlé par le soleil. Il était vêtu d’un jean et d’un t-shirt usé et, à le voir ainsi, on n’aurait jamais cru que son père était respecté en tant que maire du village depuis plus de vingt ans.

Il me demanda sans hésiter s’il pouvait passer me chercher chez mes parents pour m’emmener danser au bal du village voisin. Surprise, je ne savais que lui répondre. Aucun garçon ne m’avait jamais invitée et celui-là m’impressionnait de par sa situation familiale. Je savais que, en tant qu’aîné, ses parents comptaient sur lui pour reprendre la propriété familiale, château, granges, fermes, terrains,… et je me sentais insignifiante devant lui, moi la fille du facteur.

Le rouge avait envahi mes pommettes mais c’est le menton fièrement relevé, dans une attitude de défi, que je lui ai répondu que j’étais d’accord.

Il parut ravi et me dit “à samedi, 20 heures chez tes parents”.

Mon coeur battait la chamade en arrivant à la ferme de mes grands-parents. J’avais pris l’habitude de m’y réfugier quand je voulais réfléchir en toute tranquillité. L’angoisse me serrait un peu la gorge à l’idée de devoir avertir mes parents. Même s’ils me faisaient confiance et me laissait fort libre de mon temps je redoutais que la position sociale de mon futur cavalier ne les mette mal à l’aise.

Ma sœur me surprit à rêver, un sourire flottant sur mes lèvres et elle comprit aussitôt que quelque chose d’étonnant m’était arrivé. Quand je lui racontai ma rencontre avec Gontrand en la suppliant de garder le secret jusqu’à ce que j’ose en parler à nos parents, elle promit mais son air malicieux me fit craindre le pire. A 13 ans, soit quatre de moins que moi, elle me regardait maintenant avec une sorte de respect tandis que je me redressais fièrement, déjà prête à succomber au charme du beau Gontrand…

Je vous invite à découvrir avec curiosité les autres textes suscités par la vue de cette photo et publiés sur Brick a book.

Bonne semaine à tout le monde.

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Brick a book 384 ✍🏻

Comme tous les lundis, je participe à l’atelier d’écriture en ligne Brick a book.

Le principe est simple, Alexandra nous propose une photo, à nous de tricoter l’histoire qui l’habillera.

Cette semaine c’est la photo ci-dessous qui sert de support.

©Zo Razafindramamba

J’ignore pourquoi les gens détestent les corbeaux. C’est vrai que ce ne sont pas les plus beaux et les plus colorés des oiseaux, loin de là, mais ce sont des êtres vivants.

Moi, depuis plus d’un mois que je suis confiné dans ce chalet de montagne, j’ai eu le temps de les apprécier.

Il faut dire qu’il n’y a pas la télé, pas Internet et mon téléphone portable a parfois une seule barre de réseau quand je me déplace en levant le bras dans les congères autour du chalet et que j’ai de la chance.

Oh bien sûr, les premiers jours j’ai adoré être isolé, sans contraintes ni horaires, enveloppé dans l’ouate de neige qui feutre tous les sons qui d’habitude me gênent pour écrire.

J’ai oublié de vous dire que je suis écrivain. Oui, oui, un vrai, un qui a déjà une dizaine de romans édités à son actif et, en plus, ces derniers se vendent très bien.

Et donc mon cher agent (je dis cher parce qu’avec ce qu’il prélève sur les ventes de livres c’est vrai qu’il me coûte très cher) a eu la merveilleuse idée de louer ce chalet rien que pour moi, il y a mis des tonnes de provisions, du bois en quantité suffisante pour chauffer tout l’hiver et m’ a asséné un péremptoire

—”J’attends ton tapuscrit dans 3 mois au plus tard. De toutes manières tu n’auras que ça à faire donc ça devrait aller”.

Et me voilà, comme un con à essayer d’attirer les corbeaux avec du pain séché. Il faut dire que ce sont les seuls êtres vivants que je côtoie et qu’ils me rappellent qu’il y a une vie ailleurs. Et même s’ils sont moches, malaimés et qu’ils croassent de manière dissonante, ils sont ma seule récréation et c’est dingue comme je les envie de savoir voler…

Comme d’habitude, je vous invite à poursuivre la lecture en découvrant les textes des autres participant(e)s à cet atelier sur le blog Brick a book et je vous souhaite une excellente semaine.

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Brick a book 381 ✍🏻

Si vous êtes un(e) habitué(e) de mon blog vous savez que le lundi je participe avec plaisir à l’atelier d’écriture proposé par Alexandra du blog Brick a book.

Le principe est on ne peut plus simple puisqu’il suffit de s’imprégner de la photo proposée avant de laisser nos doigts courir librement sur le clavier. Même pas besoin de tremper notre plume dans l’encrier…Simple non ?

©David Shoykhet

J’étais tombée par hasard  sur cette ancienne photo en noir et blanc en triant de vieux papiers jetés dans une boîte à chaussures. Une bouffée de nostalgie m’envahit à ce moment, c’était si vieux tout ça.

J’avais dix-sept, dix-huit ans à peine et c’était mon premier rendez-vous. 

Tu m’avais invitée au restaurant pour fêter la Saint-Valentin et j’étais intimidée en t’attendant. J’aurais préféré que tu viennes me chercher chez moi et que nous entrions ensemble dans la grande salle mais je ne sais plus pourquoi tu avais souhaité que nous nous retrouvions sur place.

Un serveur condescendant m’avait emmenée vers la table où se trouvait un petit carton noir marqué “Réservé”.

Je ne savais comment me donner une contenance et tout ce qui me venait à l’esprit en regardant les pauvres tulipes dans leur vase c’était que dès demain, ou après au plus tard, elles se courberaient vers le bas.

Mais là elles étaient droites et raides, comme moi, assise sur le bord de la chaise, mal à l’aise et guettant nerveusement tous les mouvements de la porte d’entrée. 

Le serveur m’avait proposé un apéritif que j’avais évidemment refusé. Mes parents m’avaient fait tellement de recommandations pour cette première sortie sans eux…

Tu étais enfin arrivé, l’appareil photo en main comme presque toujours et c’est toi  qui avait immortalisé sur le papier mon attitude de petite fille un peu perdue, ne se sentant pas tout à fait à sa place.

Je ne me souviens plus de la suite ni de ce que nous avions mangé et bu mais tu m’avais raccompagnée en me tenant par les épaules. Je suis certaine que si tu m’avais à nouveau photographiée après ton baiser devant la porte, la photo aurait été riche en couleurs.

Comme chaque lundi, je vous invite vivement à aller lire sur le blog Brick a book, les autres textes nés au départ de la même photo.

Je vous souhaite une très belle semaine 😊.

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