Brick a book 358 ✍🏻

Pas de contrainte en ce lundi mais seulement la photo ci-dessous comme déclencheur d’écriture du blog Brick a book.

©MHL/CH

Je n’en revenais pas! L’émotion me serrait la gorge et tout mon corps était agité de tremblements de joie.

Deux ans déjà que j’étais parti conquérir d’autres horizons pour tenter d’oublier mes déceptions. J’avais perdu mon boulot et ma compagne m’avait lâchement abandonné à peu près en même temps. En somme, l’être vivant que je regretterais le plus en partant c’était mon fidèle compagnon Blacky. J’avais préféré le confier à un couple d’amis, ne sachant pas trop vers quoi je fuyais ni dans quelles conditions j’allais pouvoir me reconstruire…ou pas.

Mon moral était au plus bas quand je posai le pied sur ma terre d’exil en espérant malgré tout repartir à zéro. Je n’avais emporté que peu de souvenirs, souhaitant faire table rase du passé et de ses misères. Seul le souvenir de Blacky s’accrochait encore à ma mémoire et à mon coeur en lambeaux.

Dès que j’eus pris mes marques, je me rendis compte que j’avais trop de temps pour ressasser mes échecs et décidai qu’il me fallait une activité au contact des gens et qui me fatiguerait suffisamment pour chasser au loin mes idées noires. C’est ainsi que je consacrai mes maigres économies au contrat de gérance d’un débit de boisson.

Comme pour garder un lien, même ténu et lointain, avec Blacky, il m’apparut évident d’appeler l’établissement Kaffe Perro Negro. Peu de personnes comprenaient ce choix, certaines pensaient même à un autre sens, mais il me semblai important de garder un fil invisible tendu entre Blacky et moi.

Après quelques mois, mon affaire avait pris son envol, les villageois se regroupaient volontiers chez “le Belge” où ils se trouvaient bien ensemble. L’argent rentrait régulièrement et mes échecs professionnels et sentimentaux me paraissaient bien dérisoires à présent.

En hiver la clientèle se faisait plus rare et je décidai de prendre quelques jours de vacances afin d’aller voir mes amis au bord de la mer. J’étais à peine assis sur le muret que je vis accourir un grand chien fou qui me fit une fête pas possible, sautant, aboyant et me léchant tour à tour. 

Blacky ne m’avait pas oublié lui non plus et la tendresse de nos retrouvailles émouvait visiblement les passants dont certains s’amusaient même à photographier cet instant de pur bonheur!

Et si vous m’accompagniez sur le blog Brick a book pour y lire les autres récits?

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Brick a book 357 ✍🏻

Le lundi c’est l’exercice d’écriture proposé par l’atelier en ligne Brick a book. Cette semaine, c’est la photo ci-dessous avec comme thème imposé la géographie qui sert de déclencheur d’écriture.

©MLN / CH

J’étais là, debout, submergée par l’émotion. Il y avait si longtemps que je m’étais moi-même assise sur ces bancs de bois inconfortables. Sur les tablettes des pupitres il y avait juste un trou pour y déposer l’encrier dans lequel nous trempions prudemment nos plumes Ballon. La crainte du pâté d’encre bleue pâle sur nos cahiers de papier un peu jaune n’était jamais bien loin.

Le bureau de la maîtresse était bien là lui aussi, surélevé pour marquer sa supériorité. On la respectait, elle nous faisait un peu peur quand elle élevait la voix mais on l’aimait aussi pour tout ce qu’elle nous apprenait.

Dans cette classe reconstituée à l’ancienne, mes yeux étaient rivés sur les grandes cartes colorées pendues au mur. Je me souviens que “Mademoiselle Marie” se tenait devant quand elle nous montrait avec une baguette l’emplacement de tel ou tel pays. Un jour elle nous avait fait étudier par coeur toutes les capitales des pays apparaissant sur ces cartes géantes. Un vrai cauchemar de retenir tous ces noms et de bien les situer en plus! Et pourtant… En avais-je rêvé de ces pays lointains où je pensais ne jamais me rendre. Nous étudiions aussi dans un grand atlas et nous apprenions les ressources de chaque pays, un par un.

Était-ce ces leçons qui me passionnaient déjà qui avaient fait de moi celle que je suis devenue? Peut-être un peu si j’en jugeais au degré d’émotion ressenti aujourd’hui devant ces planisphères.

L’eau avait coulé sous les ponts et, si j’étais invitée aujourd’hui à l’inauguration de cette classe du souvenir, c’est que j’avais fait mon chemin. Contrairement à ce que je pensais à l’époque, j’avais séjourné dans presque tous ces pays et même dans d’autres, plus lointains, qui n’apparaissaient pas sur ces cartes scolaires de ma jeunesse.

Mes études de journalisme s’étaient combinées à merveille avec ma passion de la découverte d’autres pays et d’autres cultures. J’étais rapidement devenue celle qu’on envoyait un peu partout pour y faire des reportages en direct, toujours bien en phase avec la vraie vie sur place. Mes nombreux voyages m’avaient donné l’occasion de réaliser des reportages moins formels et beaucoup plus personnels. Les spectateurs se pressaient nombreux dans des salles de projection pour m’écouter commenter, en direct, les films réalisés dans des contrées souvent peu connues du grand public.

J’avais un peu le tournis dans cette classe où tout avait commencé par de simples cartes de géographie suspendues au mur…

Et vous que vous inspire cette photo? Si vous souhaitez savoir ce qu’elle a inspiré aux autres participant(e)s, je vous invite à aller voir sur le blog Brick a book. Vous aurez probablement quelques belles surprises.

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Brick a book 356 ✍🏻

Le lundi c’est mon petit plaisir “prise de tête” puisque je m’efforce de pondre un texte au départ de la photo proposée sur le blog Brick a book, souvent le samedi, ce qui nous laisse très peu de temps pour y réfléchir…

Pour ce lundi, c’est la photo ci-dessous qui est proposée.

© Austrian National Library
     

Les cameramen de TV8 avaient insisté pour venir me filmer dans ma salle de cours. J’étais depuis plus de vingt ans professeure de solfège à l’Académie de la ville. J’avais aidé des centaines de jeunes à décoder des partitions de plus en plus compliquées. Beaucoup avaient abandonné, pensant que la musique n’était qu’amusement sans effort. Les plus motivés avaient persévéré pour leur bonheur et le mien.

L’un d’entre eux avait acquis une belle renommée comme premier violon dans un orchestre symphonique et, comme il avait été mon élève, j’avais paraît-il ma place dans le reportage qui lui serait consacré par la toute jeune chaîne de télévision.

J’étais mal à l’aise devant les caméras. A mon âge et vu mon célibat endurci, je n’avais pas l’habitude d’être ainsi observée sous tous les angles. Encore heureux que le film ne soit pas en couleurs parce que je ne m’habillais que de couleurs sombres qui n’auraient probablement pas convenu au projet. J’apparaissais comme une personne insignifiante et terne, un peu démodée, comme je le souhaitais, ne cherchant à attirer l’attention sur moi à aucun prix.

Les hommes qui me filmaient m’avaient demandé de parler de manière naturelle de mon ancien élève, selon mon bon vouloir…c’était bien ça le problème. Autant j’avais l’habitude de mener ma classe de main de maître, autant parler seule, pour être “mise en boîte” comme ils disaient, me paralysait.

J’avais empoigné un livre de partitions pour me donner une contenance et je me cachais derrière mes lunettes de myope tandis que mes jambes flageolantes me faisaient tomber dans les bras de ce fauteuil bienvenu.

Après plusieurs prises non concluantes, les cameramen perdirent patience et me dirent qu’ils allaient voir avec le régisseur s’ils devaient persévérer ou me laisser dans l’ombre où je me plaisais tellement qu’il semblait vain d’espérer m’en faire sortir!

Pour voir les autres histoires inspirées par cette photo, je vous invite à aller chez Brick a book, vous ne serez pas déçu(e) 👍

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Brick a book 355 ✍🏻

     

C’est lundi et le lundi on écrit ce qui nous est soufflé par la photo proposée sur le blog Brik a book.
C’est la photo ci-dessous, sans contrainte, qui doit guider notre imagination cette semaine.

 

© The New York Public Library

J’avais retrouvé, dans une vieille boîte à chaussures, cette photo de mes arrières-grands-parents. Ma mère m’en avait parlé il y a bien longtemps et  leur histoire  était restée gravée dans ma mémoire.

C’était étrange à notre époque de voir une photo sans couleur. Parfois, je voyais de magnifiques portraits bien contrastés dans des livres de photographie mais là c’était différent, plus pâle et gris, très gris. Lui portait ses habits de tous les jours mais elle semblait avoir fait un effort d’élégance. Il avait enlevé ses lunettes, tout à fait inutiles pour regarder par-dessus l’épaule de sa femme.

Elle, au contraire en portait alors que d’habitude elle n’en avait pas vraiment besoin. On la sentait appliquée à écrire, pour un peu elle aurait tiré un bout de langue. Elle avait posé une planche  sur ses genoux pour supporter les feuilles de papier.

Le courrier leur avait été porté la veille mais lui ne savait pas lire, contrairement à elle. Elle avait tremblé en voyant le nom de l’étude de l’expéditeur soigneusement calligraphié sur l’enveloppe en redoutant on ne sait quels ennuis. Elle avait déchiffré maladroitement les mots tracés à la plume sur les trois feuilles que contenait la grande enveloppe. Ils s’étaient ensuite regardés, ahuris de la nouvelle: un notaire d’un état voisin les informait qu’ils allaient hériter de la ferme d’un oncle qu’ils connaissaient à peine mais dont ils étaient les seuls parents vivants.

L’étonnement puis la joie et enfin le questionnement les submergèrent tour à tour: ils n’avaient jamais compté que sur eux-même pour s’en sortir et, même si cette manne serait la bienvenue, ils ne savaient pas où se trouvait cette ferme et ce qu’ils allaient bien pouvoir en faire, n’étant pas fermiers eux-mêmes…

L’urgence était de se manifester auprès du notaire pour ne pas laisser passer l’occasion. Elle dut chercher pour mettre la main sur le beau porte-plume qu’elle avait reçu pour sa communion mais qu’elle n’avait jamais osé utiliser de peur de l’abîmer entre ses mains endurcies par le travail et devenues malhabiles à l’écriture. Mais cette fois elle avait décidé de se lancer, elle n’allait quand même pas écrire au notaire avec son vieux crayon à l’aniline!

Quant à la ferme, on verrait bien ce qu’on en ferait mais, dans leur situation, il n’était pas question de refuser un cadeau pareil!

Voilà, c’est ce que j’ai lu dans cette photo mais elle aura certainement inspiré des histoires très différentes aux autres participant(e)s. Je vous invite à aller voir par vous-même sur le blog Brick a book.

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Brick a book 354 ✍🏻

Après quelques jours de pause, voici revenu le temps de laisser notre imagination courir sur la base de la photo proposée par le blog Brick a book.

C’est le cliché ci-dessous qui nous est proposé comme point de départ. Il n’y a pas de contrainte cette fois.

 ©Simon Zhu

C’est la lumière inhabituelle qui m’avait attirée: on aurait dit qu’il y avait un immense feu de joie sous le pont ou que quelqu’un s’amusait avec des lanternes célestes. Vite, j’enfilai mon manteau et me mis à courir, irrésistiblement attirée, comme les papillons de nuit, par la lumière.

Arrivée sur place, je le vis et restai figée dans le froid et l’obscurité. Il faisait tournoyer un objet intensément lumineux attaché au bout d’une corde. Je me dis que c’était original comme illumination de Noël et bien plus magique que les feux d’artifices classiques. Le “spectacle” terminé, j’applaudis à tout rompre et, surpris, le jeune homme s’avança à ma rencontre. 

— Que faites-vous là, demanda-t-il, un brin agressif;

— J’ai été attirée par la lumière lui répondis-je un peu mal à l’aise devant sa mine renfrognée;

— Je suis venu ici pour être seul, aboya-t-il;

— Dans ce cas, il aurait mieux valu être plus discret lui rétorquai-je aussi sec!

Il se radoucit un peu et nous commençâmes à bavarder en oubliant le froid.

Il me dit qu’il était photographe et venait souvent à cet endroit faire des essais de light painting. En général il ne dérangeait personne et réciproquement… Il avait besoin d’être dans l’obscurité pour tester la technique et aimait les espaces assez vastes. De fil en aiguille, je lui dis que moi aussi je pratiquais volontiers la photographie. Notre discussion prit alors un tour plus convivial et nous nous quittâmes après avoir convenu de nous retrouver le lendemain soir au même endroit. Il avait promis de m’initier à cette technique étonnante.

J’étais surexcitée en attendant le jour suivant, et pas que pour les photos en fait parce que la lumière donnait à ses yeux des éclats dorés plutôt chaleureux…quand ils ne lançaient pas des éclairs!

Voilà, je commence doucement cette année et cette série d’écriture mais si vous en voulez davantage, il suffit d’aller sur le blog Brick a book où vous trouverez les textes des autres participant(e)s 😊.

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Brick a book 353 ✍🏻

Comme chaque lundi c’est l’écriture qui prévaut avec l’atelier du blog Brick a book. La photo ci-dessous accompagnée d’une thématique interdite, l’enfance, doivent servir de déclencheur d’écriture.

©Ryan Stefan

Et voici les mots qui m’ont été soufflés:

J’avais un problème avec mon ombre… D’habitude elle apparaissait au sol, souvent plus grande que je ne l’étais dans la réalité mais elle était toujours grise.
Or, aujourd’hui, je la voyais blanche sur le tarmac! Bon, depuis que mon amoureuse avait enfin accepté  de m’épouser on me trouvait rayonnant  mais quand même, à ce point c’était étrange non?

J’avançais à pas feutrés, je glissais rapidement à droite puis à gauche, rien n’y faisait mon ombre restait blanche! 

Quelqu’un me faisait une blague, ce n’est pas possible voyons une ombre blanche, et pourtant… J’avançais et me retournais brusquement pour piéger le farceur mais personne ne semblait se trouver à proximité. J’étais plutôt quelqu’un de cartésien, je ne croyais pas trop aux esprits ni à l’homme invisible mais là je commençais à transpirer. Mon malaise s’accroissait, je sentais la réalité fondre entre mes doigts et s’échapper de mon cerveau embrumé.

Ce qui était sûr c’est qu’on avait bien picolé pour fêter nos fiançailles la veille avec les copains, c’était peut-être là l’explication mais je n’y croyais qu’à moitié…

Et puis, cette silhouette plus petite à mes côtés ne correspondait à rien de réel puisque j’étais seul pour cette balade matinale.

J’avais de plus en plus chaud supportant difficilement que les choses m’échappent. Cette perte de contrôle sur la réalité commençait sérieusement à m’angoisser.

Quand j’arrivai enfin chez ma dulcinée, elle aussi avait un air bizarre, mi-excitée mi-assommée.

Elle saisit ma main, la posa sur son ventre en me regardant de ses yeux brillants, sa tête faisait “oui” en balançant de haut en bas. La joie m’envahit et c’est là que j’ai commencé à croire aux signes et à accepter la présence de l’irrationnel dans ma vie.

Comme chaque semaine je vous invite à lire les textes proposés par les autres écrivant(e)s sur le blog Brick a book.

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Brick a book 352 ✍🏻

Ce lundi, la photo qui doit nous inspirer une histoire pour le blog Brick a book est celle ci-dessous.

© Gemma Evans

Il n’y a pas de thématique suggérée ou interdite.

Et voici les mots qu’elle m’a inspirés, aidée en cela par le souvenir du Jardin botanique de Liège et ma distraction de vendredi que quelques visiteurs taquins ont vite repérée 😂

J’aime les plantes, toutes les plantes. Fleuries ou non d’ailleurs. Tout ce qui est végétal me touche et on dit de moi que j’ai les doigts verts. Aussi quand on m’a proposé d’aller récupérer une ou l’autre plante dans l’orangerie du Jardin botanique devenue trop encombrée,  je n’ai pas hésité une seconde, je m’y suis précipitée. Arrivée sur place, j’ai été saisie par la majesté du lieu. Il avait dû en passer des plantes dans cet endroit, et pas que des plantes d’ailleurs mais aussi des invités prestigieux, ou pas, depuis sa création en 1819. Les grandes feuilles des  plantes créaient une atmosphère étonnante et un peu étouffante, voire même presque angoissante. Il faut dire que la chaleur et l’humidité était maintenues pour leur bien-être et la lumière avait bien du mal à traverser les feuillages touffus et les vitres sales.

Je cherchais vainement à m’annoncer à la personne responsable de l’entretien de l’endroit mais j’eus beau crier “ouh ouh, y a quelqu’un?” plusieurs fois, seul le silence me répondit.

Bizarre quand même, j’avais pourtant bien lu l’annonce invitant les personnes intéressées à venir sur place pour faire leur choix.

Une affichette attira soudain mon regard au-dessus d’une longue table de rempotage: elle disait quand même bien que l’accueil avait lieu à partir de onze heures tous les…lundis.

Et c’est là que la pièce est tombée! On n’était pas lundi mais vendredi et, dans ma précipitation, j’étais venue trop tôt… J’avais eu la même blague avec un article pour mon blog parti bien trop vite alors qu’il n’était pas même pas fini. Ah la distraction quand même 😏

Soit, je n’aurais pas de plante aujourd’hui mais je pouvais tout à loisir admirer toutes celles qui m’entouraient, lire leurs noms soigneusement calligraphiés sur de jolies étiquettes et même prendre quelques photos des plus particulières.

Et au moins comme ça, quand je reviendrais le lundi, je saurais exactement celle que j’espérais rempoter..euh…emporter bien sûr.

Et si nous allions, comme chaque lundi, voir sur le blog Brick a book ce que cette photo a inspiré aux autres écrivant(e)s?

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Brick a book 351 ✍🏻

C’est lundi et que fait-on le lundi? On participe à l’atelier d’écriture d’Alexandra sur Brick a book 😊

Cette fois, c’est la photo ci-dessous qui doit déclencher notre créativité et c’est sans contrainte.

© Evgeny Nelmin

Tout est sec dans ma vie. Le sol, l’air, les gens,…tout je vous dis! Je donnerais un an de ma vie pour prendre un bain ou même pas un bain, juste une douche purificatrice et rafraîchissante.

Je n’en peux plus de cette poussière qui s’insinue partout jusque dans mes poumons. J’étouffe, c’est bien ça, j’é-touf-fe, je m’asphyxie de poussière.

Il paraît qu’il existe des pays où l’eau coule à flots, un rêve impossible pour nous. On n’arrive même pas à imaginer que ça puisse être vrai.

Le simple fait de marcher soulève des nuages de poussière. Inutile de mettre des chaussures, que nous n’avons pas d’ailleurs, la poussière les rendrait rapidement inconfortables.

Et, malgré tout ça, il faut tenir le coup et travailler au moins pour acheter de quoi manger. Moi je suis camelot itinérant, c’est-à-dire que je vends, en plein air, différents textiles. Avant je vendais aussi des étoffes faites avec des poils de chameau mais chez nous aussi, malgré notre pauvreté, il y a des modes et les jeunes veulent tous des pantalons “à l’ américaine” à la place des djellabas et des sarouels que portaient nos parents.

Alors je m’adapte, je me déplace de campement en campement avec mes ballots de tissus , les bâtons et les cordages qui me servent de présentoir pour ce que je ne dépose pas simplement au sol. Ça ne sert à rien de balayer mon espace, en deux minutes le vent  recouvre tout de poussière, de terre sèche et de sable… C’est comme ça depuis toujours ici et ça le restera encore longtemps je crois.

Pour faire moderne, j’ai même donné un nom à mon commerce: “Le Sec Shop” c’est chouette, vous ne trouvez pas? Je suis sûr que ça va attirer les clients.

Je viens juste de dessiner  mon enseigne sur du cuir de chameau

😊

Si vous n’êtes pas trop oppressés par la poussière, je vous encourage vivement à courir voir ce que cette photo a inspiré aux autres écrivant(e)s sur Brick a book.

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Brick a book 350 ✍🏻

Comme tous les lundis, je laisse mon esprit vagabonder en regardant la photo qui sert de déclencheur d’écriture sur le blog Brick a book. Et cette semaine, la thématique interdite est la mer.
Bon, voyons voir ce que la photo ci-dessous m’inspire…

©Simon Schmitt

Un jour je partirai, c’est certain. J’en ai marre de toujours devoir obéir “Fais pas ci, fais pas ça, et gnanani et gnanana!” Heureusement que j’arrive parfois à m’échapper pour aller m’adosser aux rochers et laisser mon regard et mon esprit dériver en toute liberté jusqu’à l’horizon. Un jour je m’en irai et j’irai au-delà de cette ligne d’horizon qui me paraît déjà bien lointaine.

J’ai froid, mon capuchon n’est pas suffisant contre les assauts du vent mais je m’en fiche, il n’y a qu’ici qu’on ne vient pas me chercher et m’embêter à me dire ce que je dois faire…ou pas.

Quand mon père vivait encore ce n’était pas ainsi mais depuis l’accident ma mère tremble pour tout et ne me lâche pas d’une semelle. 

Il serait quand même temps qu’elle comprenne que j’ai quinze ans et que je ne suis plus un bébé. En plus il y a ma sœur, Clara, qui me surveille aussi, du haut de ses treize ans, et qui rapporte tout à Maman. Ce n’est encore qu’une gamine toujours fourrée dans les jupes de notre mère tandis que moi je suis un homme, ou presque.

Malgré tout, les larmes coulent à chaque fois que je repense à mon père. On s’entendait bien lui et moi, il me montrait des trucs d’hommes, m’apprenait même à conduire la voiture en cachette “pour que je ne sois pas en retard” qu’il disait.  Et puis, un jour maudit, un camion nous l’a enlevé en l’envoyant valdinguer six mètres plus loin que le passage pour piétons où il venait de s’engager. Je me souviens des cris de Maman quand les policiers l’ont prévenue, elle est tombée à terre en se tenant la tête à deux mains, désespérée…

Et depuis ce jour, elle nous couve, Clara et moi, comme  une maman poule protège ses poussins sous ses ailes. Heureusement qu’elle n’a jamais trouvé mon repaire près des rochers. Là je peux réfléchir, rêver et même pleurer sans honte même si je sais bien que je serai grondé quand je rentrerai parce qu’elle aura eu peur pour moi.

Je voudrais tellement vieillir plus vite, devenir un homme et partir ou pas d’ailleurs parce que, quoi que je pense quand je râle,  je n’aurai probablement jamais le coeur de les laisser sans protection, elles sont tout ce qui me reste comme famille.

Comme d’habitude, j’espère vos commentaires et vous invite à aller voir chez Brick a book ce que les autres participant(e)s ont écrit…

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Brick a book 349 ✍🏻

Comme chaque lundi je participe à l’atelier d’écriture en ligne Brick a book.

Cette semaine, c’es la photo ci-dessous qui sert de déclencheur et il n’y a pas de contrainte thématique interdite. Youpie! 😊

   
© The Joy Of Film

J’avais retiré cette photo du tas de vieux portraits retrouvés dans une boîte métallique après le décès de mes parents. 

Je me souvenais que, gamine, je ne comprenais pas que ma mère, qui me paraissait si vieille du haut de ses trente trois ans, ait pu être amie avec ces souriantes jeunes filles. Elle m’avait raconté que la photo avait été prise au lendemain de la guerre qui avait frappé si durement les Ardennes où elles vivaient. Les demoiselles avaient pris beaucoup de plaisir à poser pour cette photo où on les voyait déguster les chewing gum offerts par les Américains venus les libérer. C’était nouveau pour elles cette matière qu’on mâchait sans l’avaler pour ne pas “qu’elle reste collée partout dans le ventre”.

La guerre, encore une abstraction pour une petite fille… qui écoutait, avec incompréhension, raconter  les privations, la peur, le froid mordant les jambes colorées à la chicorée et les galoches à semelles de bois.

Elle me parlait aussi de chacune d’entre elles: de Johanna partie au Mexique avec un soldat séduisant, de Jeanne et Joséphine, les deux sœurs célibataires qui vivaient toujours dans la maison de leurs parents et puis elle, à l’arrière. Elle regardait  d’un air déjà méfiant ce qu’elle allait mettre en bouche. Cette habitude ne la quitterait jamais comme si le manque de tout durant presque cinq ans avait ancré cette nécessité de bien regarder, goûter, analyser ce qu’on mangeait pour en tirer un  maximum de plaisir.

Aujourd’hui c’est à mon tour et ce sont mes petits-enfants qui ne me reconnaissent pas sur les photos du passé. Quant à la guerre… Les nombreuses vues présentées sur le petit écran la font entrer quotidiennement dans notre vie mais ça se passe toujours ailleurs, loin de nous, sans la force émotionnelle du récit d’un proche qui l’a traversée dans sa jeunesse.

Je vous invite, comme chaque lundi, à aller voir chez Brick a book ce que cette photo a inspiré comme beaux textes aux autres personnes 😊

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