Les amoureux
Il m’avait donné rendez-vous pour cet après-midi en me quittant début janvier. J’étais folle de joie et, depuis, j’avais compté les jours qui s’étiraient bien trop lentement ! Pour entretenir le mystère nous avions décidé de ne pas nous contacter entre deux afin d’attiser l’envie de nous revoir. Pas de réseaux sociaux, une relation amoureuse désuète pleine de charme, c’était ce que nous avions eu envie de tenter.
C’est quand ma mère s’est arrêtée devant le « Modern’cinema » pour me déposer que j’ai déchanté !
En janvier j’étais partie skier en famille, comme chaque année, sauf que cette fois je m’étais fait une entorse au genou en tombant. Rien de très grave en soi et je vivais presque normalement malgré les deux béquilles que je devais utiliser pour me déplacer depuis lors et cela pour 2 semaines encore…
Ce cinéma n’était pas si moderne qu’annoncé puisque rien ne me permettait d’atteindre l’entrée facilement. Je ne savais même pas que de tels endroits existaient encore ! Pour peu, un projectionniste s’occupait des grosses bobines contenant le film comme dans « La cité de la peur ». Rien à voir avec l’endroit douillet où je me rendais régulièrement avec ma sœur pour regarder les dernières sorties cinéma.
Voyant mon air dépité, ma mère me proposa de me soutenir jusqu’au sommet de l’escalier qui ne manquait pas de charme après tout. Je regardais le bâtiment et l’amertume faisait place à ce qui ressemblait à de la joie. Au moins il avait choisi un endroit atypique, bien dans l’esprit de notre relation, peut-être même n’était-ce pas un vrai cinéma mais un endroit cosy où prendre un verre…
Nous étions dans la cour, les yeux levés, ma mère et moi quand il apparut. Sa tête, quand il me vit appuyée sur mes béquilles ! C’est sûr, il ne s’attendait pas à ça pour nos retrouvailles.
Il dévala l’escalier à toute vitesse, rouge de confusion et proposa à ma mère de nous laisser choisir tous les deux un endroit plus accessible où nous poser. Il me ramènerait ensuite en voiture chez mes parents.
Après tout, peu importait l’endroit où nous étions ensemble puisque nos regards ne se détachaient pas une seule seconde.
Quelques mois plus tard, nous riions de cet acte manqué en retournant, enfin, voir l’intérieur de ce Modern’ cinema après que j’aie pu grimper les escaliers quatre à quatre !