Je n’aurais jamais dû boire autant! Chaque année c’était pareil, ma grand-mère voulait absolument rassembler toute la famille la veille de la Toussaint. Moi, ça me barbait tellement que, non seulement je m’empiffrais des nombreux plats proposés mais en plus je les arrosais copieusement grâce aux grands crus sortis de la cave familiale pour l’occasion.
Mon grand-père était un fin connaisseur en œnologie et il avait passé sa vie à accumuler d’excellentes bouteilles au fil des années. Depuis son décès, grand-mère nous gâtait en disant que depuis que Pépé était parti rien n’avait plus d’importance dans sa vie que notre rassemblement annuel.
Oh nous nous voyions souvent entre cousins mais rarement tous ensemble comme chaque 31 octobre.
Le rituel état immuable, nous passions tous la nuit dans la grande maison qu’avaient fait bâtir mes arrière-grands-parents de manière à être ensemble au moment de partir au cimetière tout proche fleurir les tombes de la famille. Après le repas nous nous étions dispersés. Certains avaient sortis les vieux jeux de société usés par les nombreuses parties qui avaient jalonné nos vacances communes chez nos grands-parents.
Préoccupée par un souci au travail, je n’avais pas souhaité me joindre aux autres et je m’étais éloignée, un verre dans une main et les trois-quarts d’une bouteille entamée dans l’autre.
Je m’étais finalement assoupie dans la véranda agréablement chauffée. Au petit matin, le soleil qui se levait avait paré le ciel de couleurs chaleureuses. J’étais un peu vaseuse, plus tout à fait endormie mais pas tout à fait réveillée quand je vis sauter sur le toit vitré une silhouette qui m’effraya et me sortit brusquement de ma torpeur.
Il paraît que j’ai poussé un hurlement tellement inhumain que j’ai réveillé d’un coup toute la maisonnée.
C’est quand j’ai vu les têtes hirsutes et les mines inquiètes de mes cousins en pyjama autour de moi que j’ai vraiment pris conscience du comique de la situation.
Un fou-rire irrépressible m’a empêchée pendant plusieurs minutes d’expliquer que c’était Oscar le vieux gros matou de Mémé qui m’avait tellement effrayée. Il faut dire que mon hurlement l’avait fait fuir au diable Vauvert ce qui finalement n’était que normal à la fin de cette nuit de Halloween!