L’agenda ironique d’avril 2024: Attila
- Publication publiée :23 avril 2024
- Post category:Agenda ironique/Ecriture
- Commentaires de la publication :17 commentaires
Ce mois-ci, l’AI est piloté par le blog Carnets Paresseux sur lequel vous retrouverez, très bien expliquées, les lignes directrices de cet exercice.
En gros il faut :
- une histoire avec un poisson qui ne serait peut-être pas un poisson, ou pas que poisson.
- une maison, ou un appartement, un terrier, bref, un logement, un lieu clos. J’aimerai aussi que ce lieu ne soit pas un simple décor, mais participe à l’action, voire pique la vedette au poisson.
- des mots imposés : taxiphone, rhubarbe, paresse et Vierzon.
- une phrase à glisser ici ou là ; il y en a deux au choix. L’une, c’est « d’ici à là, y a quoi, tu crois ? juste assez, ou presque…» qui pourra s’achever sur un ? ou un . ou un ; ou trois …
L’autre ? « Xénophon rapporte qu’Alexandre pleura quand il eut achevé la conquête du monde. Tamerlan et Attila, eux, pas une larme. »
Les plus intrépides pourront placer les deux phrases, ou plusieurs fois l’une, ou plusieurs fois les deux. Mais sans exagérer.
Et voici ma participation:
Attila
Attila est un poisson-chat particulier qui vit dans un étang d’Asie centrale avec tous les Huns comme lui. Entendez par là qu’il n’y en a pas deux comme lui vu qu’ils sont tous Hun. Leur devise étant (ou étang, comme vous voulez) « Hun pour tous et tous pour Hun” bien sûr.
Attila n’est pas que beau avec ses moustaches mais il a une particularité hunique : il est victime d’une grande paresse et ne se déplace lentement que quand il a une bonne raison. Il suit parfois son ban mais le plus souvent il s’y repose.
Un jour qu’il ne faisait rien comme d’habitude, un sourd grondement envahit ses ouïes et le secoua. La surface de l’eau se rida, des bulles remontèrent à la surface et la terre trembla tellement qu’une fissure se fit dans le fond de la cuvette où ils vivaient. Et ils glissèrent, Hun à Hun en prenant une vitesse folle sans savoir où ils allaient aboutir. La vase qui s’était déposée au fil des années reboucha très vite la fissure mais tous les poissons-chats Huns avaient disparu en n’ayant plus maintenant aucun espoir de retour.
Notre pauvre Attila fut emporté seul de cours d’eau en cours d’eau et se retrouva miraculeusement vivant à Vierzon. Il avait beau miauler (son côté chat) personne ne lui prêtait attention sauf un matou appelé Tamerlan (vu son attrait pour les poissons et ses yeux si particuliers) qui le regardait d’un air intrigué, et, titillé par l’odeur, se léchait les babines.
Il finit quand même par comprendre ce que disait Attila :
- Tu as vraiment un drôle d’accent lui dit-il, j’ai dû être très attentif pour te comprendre.
- Normal dit Attila, je suis un poisson-chat asiatique, ce n’est pas tout à fait le même miaulement. J’aimerais profiter d’être en France pour visiter un peu le pays. J’aimerais aller voir la Bretagne, on m’a dit que c’était fort joli à voir. D’ici à là, y a quoi tu crois ? Juste assez ou presque trop ?
- Je ne sais pas précisément, tu devrais d’abord essayer de nager jusqu’à Nantes puis trouver un taxiphone pour te renseigner sur les horaires d’un train-aquarium. Je sais qu’il y a six gares de là à Vannes.
- Et tu penses que je trouverai des voies rapides jusqu’à Nantes parce franchement les rus barbent et on y avance lentement, sans compter les pauses, je suis très vite fatigué. Je n’ai jamais fait beaucoup de sport dans mon pays.
Le chat luttait de toutes ses forces pour ne pas être accusé de cannibalisme mais l’odeur de poisson finit par l’emporter sur ses principes et il engloutit Attila d’un seul coup, d’hun seul !
Il paraît que Xénophon rapporte qu’Alexandre pleura quand il eut achevé la conquête du monde.
Tamerlan et Attila, eux, pas une larme.
Tamerlan était repu et Attila bouffé tout cru !